MARSEILLE - « Dans la carrière d’un commissaire-priseur, c’est un rêve », s’exclame Damien Leclere, qui mettra en vente, le 27 octobre, un panneau inédit de Fra Angelico qui fait partie d’une grande composition représentant des scènes de la vie monastique.
Réalisée vers 1430 par l’artiste et son atelier, celle-ci fut morcelée en six éléments à la fin du XVIIIe siècle. Quatre institutions se partagent cette Thébaïde : le Museum of Art de Philadelphie, le Musée royal des beaux-arts d’Anvers, le Musée Condé à Chantilly et le Musée Thomas-Henry à Cherbourg. Un cinquième panneau n’a pas été localisé. Identifié en 2001 par l’historien de l’art Michel Laclotte comme la pièce centrale de ce puzzle, ce sixième morceau était accroché dans la chambre d’un amoureux de peinture résidant dans les environs de Montpellier. Son propriétaire, qui en avait hérité de son grand-père, n’avait jamais souhaité s’en séparer avant sa mise en vente, pas même pour un prêt à une institution comme la Galerie des Offices à Florence.
Le vendeur a pris quelques avis avant de confier l’œuvre au commissaire-priseur marseillais, séduit par son dynamisme, sa passion et ses faits d’armes. Damien Leclere a ainsi adjugé le 17 décembre 2011 une peinture d’Anne-Louis Girodet, Étude d’une tête de mamelouk, pour près de 900 000 euros, un record mondial pour l’artiste.
La nouvelle de la réapparition du tableau de Fra Angelico s’est répandue rapidement. Seuls trois tableaux du maître sont passés aux enchères au cours des cinquante dernières années. La dernière fois, en avril 2007, une peinture d’un format inférieur à celle-ci a été cédée pour plus de 2,5 millions d’euros dans une petite salle de ventes de Dorchester en Angleterre. « C’est une œuvre exceptionnelle et unique, très difficile à estimer. Je veux laisser le marché faire », indique Damien Leclere, qui démarrera les enchères à 200 000 euros. De septembre à la mi-octobre, le tableau était exposé à Paris chez l’expert, René Millet, qui a reçu de nombreux visiteurs, en particulier pendant la Biennale des antiquaires. « Des musées français et étrangers sont intéressés, note le commissaire-priseur. Mais l’acquéreur pourrait être un collectionneur privé au-delà du seul cercle des amateurs de peintures anciennes. Car cette œuvre universelle, d’une grande modernité, parle à beaucoup de monde. »
Le 27 octobre, SVV Leclere, 5, rue Vincent-Courdouan, 13006 Marseille, tél. 04 91 50 00 00, www.leclere-mdv.com ; exposition publique : 26 octobre 10h-20h et le 27 octobre 10h-12h.
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Un Fra Angelico retrouvé
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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°377 du 19 octobre 2012, avec le titre suivant : Un Fra Angelico retrouvé