Un bureau moderniste de Paul Dupré-Lafon

Ce bureau fait partie d’un ensemble d’une douzaine de pièces provenant de la collection de Monsieur C. à Neuilly-sur-Seine, aujourd’hui décédé. Il avait acheté le tout à la première – et dernière exposition – consacrée au décorateur. Celle-ci était organisée par Thierry Couvrat Desvergnes dans sa galerie de la rue Guénégaud en 1987 et réunissait 80 pièces. « Thierry Couvrat Desvergnes et sa femme ont passé plus de deux années à préparer cette exposition, se mettant en grand danger financièrement. C’était un grand pari pour l’époque car Paul Dupré-Lafon était totalement inconnu du grand public et seuls quelques rares initiés connaissaient son travail », raconte Emmanuel Eyraud, l’expert de la vente.

Paul Dupré-Lafon (1900-1971) commence sa carrière dans les années 1920, créant des intérieurs et du mobilier mêlant à la fois les tendances de l’époque, entre modernistes en quête de rationalité et de fonctionnalité, et traditionnalistes misant sur l’élégance et le luxe à la française. Ses créations uniques – il a toujours refusé l’édition et n’a jamais exposé en galerie ni sur un salon – conçues comme élément d’un tout, sont à la fois rigoureuses, raffinées et dépouillées de tout détail superflu. Il porte un soin particulier à la facture et aux matériaux. Ce bureau quart-de-cercle (vers 1930) en est un bel exemple, en bois relaqué noir, gainé de cuir, poignées nickelées, trappes et porte-crayons.

Adjugé 403 000 euros, ce bureau, dont la provenance d’origine reste inconnue, a largement dépassé son estimation de départ, soit 50 000 à 80 000 euros. Déjà, en 1986, il avait fait sensation à Drouot chez Maître Boisgirard, se vendant pour 273 800 francs (soit 85 532 €). Il n’a cependant pas dépassé le record du créateur, détenu jusqu’ici par un grand bureau en chêne, parchemin, cuir rouge, fer et laiton, adjugé 911 842 euros chez Tajan en mai 2001.