La célèbre collection Dundas passe aux enchères à New York chez Sotheby’s.
NEW YORK - C’est un petit bijou du genre, soit l’une des plus fabuleuses collections d’art indien d’Amérique du Nord jamais conservée en mains privées. L’ensemble du révérend Robert J. Dundas, collecté en 1863 en Colombie britannique et resté depuis dans sa famille en Écosse, passera sous le marteau de Sotheby’s à New York le 5 octobre. Il comprend 80 objets réunis en 57 lots, provenant de la côte nord-ouest des États-Unis, précisément des Indiens Tsimshian et Tlingit. Le tout est estimé 2,4 à 3,4 millions de dollars (1,8-2,6 million[s] d’euros). L’événement est rare puisqu’aucune collection d’art amérindien n’a été proposée aux enchères depuis presque dix ans. En outre, la provenance est en or et beaucoup de pièces peuvent prétendre au label « qualité musée ». Elles furent d’ailleurs exposées comme « curiosités indiennes » à Manchester en Angleterre en 1870, quelque temps après le retour du révérend sur le Vieux Continent.
Estimé 700 000 dollars à 1 million de dollars, le lot le plus cher de la collection est un superbe masque-portrait Tsimshian en bois polychrome figurant un shaman en état de transe. Il a été réalisé au milieu du XIXe siècle par un artiste anonyme très inspiré. « C’est une œuvre d’art extraordinaire ; sa fine sculpture et son décor abstrait lui confèrent une dimension magique », commente l’expert David M. Roche. L’autre attrait de la vente est un objet spectaculaire reproduit en couverture du catalogue : un masque-chapeau Tlingit surmonté d’une grenouille dont la mâchoire inférieure est sculptée d’un visage humain, estimé au bas mot 350 000 dollars. La grenouille, une créature importante dans la mythologie Tlingit, représente aussi un symbole des shamans. La forme conique de couvre-chef est une marque de haut prestige chez les Tlingit. Un troisième objet retiendra l’attention des collectionneurs avertis et des grandes institutions. Il s’agit d’une massue en bois d’élan ou de caribou issue des communautés Tlingit ou Tsimshian. Estimée pas moins de 450 000 dollars, elle est sculptée sur toute sa longueur et figure en son sommet un shaman surmontant un loup. Sa profonde patine couleur miel indique qu’elle fut vraisemblablement sculptée au XVIIIe siècle. Ce type d’objet est remarquable par son ancienneté et sa rareté.
En avril 2000, le masque Tsimshian et le masque-chapeau Tlingit avaient été présentés à la Galerie Charpentier lors d’une exposition vouée aux arts premiers chez Sotheby’s à Paris, et ce, simultanément à l’inauguration du pavillon des Sessions au Musée du Louvre. La maison de ventes travaillait déjà avec les descendants sur une possible mise sur le marché de cet ensemble. Le journal du révérend, témoignage exceptionnel sur la collection et sa région d’origine, restera quant à lui précieusement conservé par la famille.
LA COLLECTION DUNDAS D’ART INDIEN D’AMÉRIQUE DU NORD, vente le 5 octobre, Sotheby’s New York, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com
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Tsimshian et Tlingit
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Abonnez-vous dès 1 €- Expert : David M. Roche - Estimation : 1,8-2,6 million(s) d’euros - Nombre de lots : 57
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°243 du 22 septembre 2006, avec le titre suivant : Tsimshian et Tlingit