Voici une sélection de ce que le visiteur peut découvrir sur Art Paris Art Fair, entre noms entrés dans l’histoire et jeunes artistes en devenir, entre Orient et Occident.
Pour sa première participation, Françoise Paviot (Paris) annonce un programme photographique alléchant en forme de clin d’œil dans un lieu, tel le Grand Palais, dévolu aux arts visuels, avec la présentation de vingt et un tirages sur le thème de l’invisible en photographie ; s’y côtoieront des œuvres du commandant Louis Darget et d’Harold Edgerton, une planche d’Eadweard Muybridge ainsi qu’une Micrographie décorative de Laure Albin Guillot. À côté de cette thématique seront proposées plusieurs séries photographiques des années 1980 de Dieter Appelt qui prennent les mains pour motif, et notamment le célèbre « Système de comptage des Massaï ».
À l’autre bout du spectre photographique, Valérie Belin, récente lauréate du prix Pictet, sera présente sur le stand de Nathalie Obadia (Paris, Bruxelles) avec en particulier deux images de sa série « Super Models » (2015) dans lesquelles des mannequins de vitrine apparaissent comme perdus au sein d’un amas complexe de formes et signes colorés. La galerie proposera également deux laques sur Isorel de Jean Dewasne datées de 1968 et 1973, ainsi que deux tableaux du Portugais Jorge Queiroz, dont la peinture est toujours à mi-chemin entre réel et imaginaire, figuration et abstraction.
L’abstraction sous toutes ses formes
En matière d’abstraction géométrique la galerie Fleury (Paris), nouvelle participante, investira la plateforme « Solo Show » avec l’abstraction géométrique radicale de Geneviève Claisse. À travers une sélection de peintures et de travaux sur papier allant de 1958 à nos jours, cette mini-rétrospective devrait montrer la cohérence d’une démarche passant d’une réflexion sur la forme pure à l’exploration du rythme par le jeu de la ligne dans ses créations récentes.
De son côté, Oniris (Rennes) proposera des travaux d’Aurélie Nemours, de Vera Molnar mais aussi de François Morellet, en particulier un carré noir désaxé et porteur de trois néons rouges formant un triangle. Morellet sera également au programme de Lélia Mordoch (Paris, Miami) avec une autre toile circulaire traversée de néons, et de Jean Brolly. Ce dernier, qui mêle toujours sur ses stands peinture géométrique et représentation figurative, fera dialoguer, de Morellet, un tableau blanc de 2015 animé par des tirets légèrement décalés, un Tableau-clous (1971) de Bernard Aubertin et une peinture récente de Mathieu Cherkit.
L’abstraction sous toutes ses formes, c’est ce que propose la galerie Francesco Vangelli de’Cresci (Paris) en réunissant des travaux de courants divers, depuis un dessin de tasse anthropomorphe par Man Ray jusqu’à un très beau tableau de Carla Accardi aux signes très formalistes, en passant par le tachisme de Jean Fautrier, le lyrisme d’Hans Hartung ou les toiles modelées signées Turi Simeti ou Agostino Bonalumi.
Claire Gastaud (Clermont-Ferrand) fera, elle, la part belle au land art en exposant les photographies de Nils-Udo, des compositions réalisées en pleine nature avant d’être immortalisées par l’objectif ; cette série dialoguera avec des sculptures de Roland Cognet et ses branches d’arbre recouvertes par de l’acier.
Le visiteur guettera le stand de la galerie Ritsch-Fisch (Strasbourg), spécialisée dans l’art brut et qui fête cette année ses 20 ans, dont les propositions laissent souvent découvrir de belles surprises. Au programme, une grande sculpture architecturée d’A.C.M. composée de rebuts d’appareils tels téléviseurs et machines à écrire, une peinture sur Isorel datée 1946 d’Augustin Lesage représentant Néfertiti sur un fond parfaitement symétrique, mais aussi un dessin de grand format du Mexicain Martín Ramírez. Celui-ci fut interné à partir de 1935 dans un hôpital psychiatrique américain où il produisit plus de 300 dessins de grand format, souvent traduction d’une liberté illusoire.
La Figuration libre sera à l’honneur chez AD Galerie (Montpellier) qui confronte des travaux récents de Robert Combas, d’Hervé Di Rosa, de François Boisrond et de Rémi Blanchard avec, de ces mêmes artistes, des œuvres des années 1980 provenant d’une collection américaine. Di Rosa occupera également le stand d’Art to Be Gallery (Lille) avec son projet Étapes autour du monde, lequel prend la forme d’un ensemble d’œuvres très diverses produites lors de séjours dans dix-neuf villes de la planète.
Asie, « Promesses » et éditions
Très active sur le front asiatique, Françoise Livinec (Paris) fera écho au focus de l’année en présentant quatre artistes coréens, et en particulier Kim Ta-ho, membre de la deuxième génération du Dansaekhwa. Sa peinture subtile et rythmée résulte de l’accumulation sur la toile d’une vingtaine de couches qui sont ensuite sculptées afin de laisser apparaître réseaux et structure sous-jacents. Abstraite est également la peinture en noir et blanc de Choi Jun-kun, qui représente pourtant des éléments de paysages on ne peut plus réels.
Répondant elle aussi à l’invitation faite à la Corée, la Galerie RX (Paris) exposera des photographies de la série des arbres sacrés de Corée signée Bae Bien-u, ainsi que six tableaux abstraits de Lee Bae, lui aussi membre de la seconde génération du Dansaekhwa ; il s’agit d’images mentales auxquelles l’artiste donne vie sur la toile.
Corée encore sur une partie du stand de Thessa Herold (Paris), avec des tableaux de Ungno Lee, qui fonda au début des années 1960 à Paris l’Académie de peinture orientale, très axée sur la calligraphie. La galerie annonce également une grande composition d’Henri Michaux, datée de 1964.
Sur le stand de la Galerie Faider (Bruxelles), on s’arrêtera devant le Japonais Takesada Matsutani, dont les tableaux réalisés à l’aide de colle insufflée mélangée à du graphite connaissent un notable regain d’intérêt. Lui fera face Jean-Pierre Pincemin, avec une « Palissade » des années 1970 faite d’un assemblage de toiles découpées, collées et saturées de matière picturale.
Parmi les jeunes enseignes, Gourvennec Ogor (Marseille), dans le secteur « Promesses », proposera des œuvres expérimentant différents aspects de l’architecture liés aux notions de spatialité, d’équilibre ou de temporalité. On y retrouvera des Façades, parfois prises de convulsions, du duo luxembourgeois Martine Feipel et Jean Bechameil, mais aussi des œuvres très minimales d’aspect de Mara Fortunatovic, notamment des plaques d’aluminium peint enroulées comme des tubes de papier, ainsi qu’une sculpture de Vincent Ganivet, qui toujours engage des notions d’équilibre et d’incertitude.
Nouvel entrant, l’enseigne bordelaise Xenon consacrera un « Solo Show » à Sylvain Polony, dont la conception quasi organique de la peinture laisse s’y déployer une logique du vivant, à travers à la fois des motifs ambigus, à la limite du cosmique, et la matière en évolution, mine de plomb, peinture industrielle ou peinture en bombe apposées sur des supports aussi divers que le papier, le métal, le marbre ou le PVC.
Les éditions et multiples ne sont pas oubliés : la Galerie 8 4 (Paris) – Bernard Chauveau/Le Néant éditeur – proposera de toutes nouvelles productions effectuées en collaboration, parmi d’autres, avec Anne et Patrick Poirier, Lawrence Weiner, Giuseppe Penone et Hamish Fulton.
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Tour des galeries : morceaux choisis
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Tour des galeries : morceaux choisis