Comment est née l’idée de former un réseau de commissaires-priseurs français, baptisé « groupe Ivoire » ?
Au moment de la réforme sur les ventes publiques en 2000, nous étions une douzaine de SVV moyennes de province à vouloir réfléchir ensemble à notre avenir face à une concurrence étrangère qui s’installait en France. Alors que le marché français se concentrait sur quelques grosses sociétés de ventes parisiennes, il nous a semblé pertinent de nous regrouper en créant la société Ivoire, pour bénéficier de davantage de visibilité. La SVV Ivoire a été agréée en novembre 2002 par le Conseil des ventes.
Quelle est son mode de fonctionnement ?
Nous avons mis en commun un certain nombre de moyens parmi lesquels un bureau parisien de représentation qui fonctionne très bien (1). Nous y recevons des clients. Nous y déposons des objets que nous avons vendus afin de satisfaire une clientèle parisienne ou étrangère de passage dans la capitale, et qui n’a pas la possibilité de se déplacer dans nos différents hôtels des ventes. C’est également un point central d’exposition pour toutes les ventes à venir chez l’un d’entre nous, et un lieu stratégique puisque, étant situé près de Drouot, il permet aux experts des ventes de se déplacer facilement pour voir les objets.
Par ailleurs, nous échangeons de la marchandise entre nous dans le but de regrouper des objets dans une même vente spécialisée (numismatique, bibliophilie, halieutique...), où ils ont plus de chance d’être vendus. Nous communiquons beaucoup sous le nom d’Ivoire pour tout événement. Cela nous donne une identité forte. Enfin, nous développons depuis septembre 2006 un site Internet de ventes aux enchères (2), car il nous a paru important d’être présents aussi sur ce terrain-là.
Combien êtes-vous et comment êtes-vous répartis ? Êtes-vous spécialisés ?
Nous sommes quinze SVV réparties sur les trois quarts du territoire national. En 2008, nous intégrons deux nouveaux membres : la SVV Melun Enchères, dirigée par François Péron (Melun, Seine-et-Marne), et Primardeco, à Toulouse. Nous sommes plutôt des généralistes, mais la Galerie de Chartres est davantage spécialisée en jouets, poupées et photographies ; des vacations d’objets de marine se tiennent régulièrement à La Rochelle [Charente-Maritime] et mon confrère de Saumur [Maine-et-Loire] se passionne pour les ventes d’art équestre.
Y a-t-il des commissaires-priseurs parisiens chez Ivoire ?
Sans faire d’ostracisme, nous n’avons pas de confrère parisien au sein d’Ivoire. Mais nous avons toujours un partenariat avec Artcurial, qui est au capital d’Ivoire depuis 2002. Il nous arrive de déposer des lots à vendre à l’hôtel Dassault, des œuvres d’art contemporain le plus souvent.
Vos sociétés sont éclatées géographiquement ; qu’est-ce qui vous unit ?
On s’entend bien et il y a un fort « affectio societatis » entre nous. On se réunit tous les mois à Paris. Nous n’avons pas d’ego démesuré et avons un vrai plaisir à être ensemble.
Quel bilan tire Ivoire de l’année 2007 ?
L’ensemble des membres du groupe Ivoire a réalisé au titre de l’année 2007 un chiffre global de ventes évalué à un peu plus de 92 millions d’euros frais inclus parmi lesquels 51 millions d’euros de ventes d’art. Plusieurs événements ont marqué l’actualité d’Ivoire : les 6,1 millions d’euros de la succession Pierre Lévy à Troyes les 2, 3 et 4 février 2007, et les 2,8 millions obtenus pour le diamant bleu vendu à Reims le 8 décembre dernier, soit le bijou le plus cher vendu aux enchères en France en 2007. En additionnant nos forces, nous existons.
Quels sont les projets d’Ivoire pour 2008 ?
Nous partons vers une plus grande intégration. Les noms de nos SVV vont par exemple s’effacer progressivement pour faire ressortir le label « Ivoire », suivi du nom de la ville de chaque SVV. Nous pensons aussi arriver à des économies d’échelle en adoptant des prestataires de service en commun (infographiste, imprimeur...). Enfin, nous souhaitons que d’autres confrères nous rejoignent sur www.svv-encheres.com, site ouvert à toutes les enseignes et non exclusivement réservé à Ivoire.
(1) 3, cité Rougemont, 75009 Paris, tél. 01 47 70 07 03.
(2) www.svv-encheres.com
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Thierry Pomez, commissaire-priseur à Troyes, cogérant du groupe Ivoire
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°273 du 18 janvier 2008, avec le titre suivant : Thierry Pomez, commissaire-priseur à Troyes, cogérant du groupe Ivoire