Outre les ventes publiques, la maison Phillips propose différents types d’activité. Comment l’ensemble s’articule-t-il ?
Nous avons quatre activités principales qui ont chacune leur propre structure et sont un profit center (centre de profit) différent pour Phillips. La première, et évidement la plus visible, consiste en la vente aux enchères dans le domaine de l’art contemporain, de la photographie, du design et de la haute joaillerie. Le 6 février, nous vendrons à Londres la première collection privée d’art contemporain chinois. La deuxième activité, tout aussi importante, concerne les ventes privées dans les mêmes secteurs, auxquels s’ajoute celui de l’art impressionniste et moderne. La troisième est l’organisation d’expositions commerciales. Nous exposons actuellement et jusqu’au 26 janvier, à New York, les photographies de Lucille Reyboz. Le 16 janvier, nous ouvrirons une grande exposition de portraits vidéo de Robert Wilson en collaboration avec la galerie Paula Cooper, à New York. Enfin, nous prodiguons des conseils aux collectionneurs.
Comment voyez-vous l’évolution du marché de l’art contemporain et plus particulièrement celui du cutting edge, c’est-à-dire l’art le plus actuel ?
Jusqu’à la fin des années 1950, la peinture des maîtres anciens représentait la part financièrement la plus forte du marché de l’art. À partir de 1960, le marché de la peinture impressionniste et moderne est devenu dominant ; depuis environ deux ans, c’est l’art d’après guerre et contemporain qui a pris le relais. Cette domination durera au moins aussi longtemps que la dernière, c’est-à-dire les quatre prochaines décennies. Les plus grands artistes du passé ont été à un moment les protagonistes de l’art actuel. Le XXIe siècle verra l’éclosion de très grands talents. Le marché de l’art actuel est un peu comme le laboratoire de recherche d’une grande entreprise pharmaceutique. C’est de lui que dépend l’avenir du marché dans son ensemble.
Quel regard portez-vous sur le marché de l’art à Paris ?
Grâce au travail remarquable de marchands tels que Kamel Mennour ou Emmanuel Perrotin, et au retour de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) au Grand Palais, le marché de l’art contemporain à Paris a pu regagner un peu du terrain perdu. Le nombre de collectionneurs français participant aux grandes foires d’art contemporain à Bâle, Miami et Londres ainsi qu’aux grandes ventes d’art contemporain à New York et Londres ne cesse d’augmenter. Le jour où un plus grand nombre d’artistes français joueront un rôle sur la scène internationale n’est plus lointain.
Pensez-vous organiser des ventes aux enchères à Paris ?
Paris est une ville très importante pour nous. Nous avons de très beaux bureaux, au 28 de la rue Michel-Le Comte dans l’ancien appartement de l’artiste Anselm Kiefer. Ceux-ci sont dirigés par Léonie Moschner, ancienne directrice de la galerie Thaddaeus Roppac et éminente spécialiste en art contemporain. Les domaines de la photographie et du design sont couverts par Tamara Corm, anciennement de la Fondation Cartier-Bresson, et par Janette Helleu, qui tenait auparavant sa propre galerie. Nous n’avons pas l’intention pour l’instant de faire des ventes aux enchères ailleurs qu’à New York, Londres et Genève, mais nous n’excluons pas la possibilité d’en organiser à Paris en temps voulu.
Quel collectionneur êtes-vous ?
Collectionner est la plus belle maladie qui soit et, fort heureusement, c’est totalement incurable. J’éprouve autant de plaisir à acheter des tasses en céramique en forme de comic heroes, des crocodiles et dragons en caoutchouc, des 33-tours en vinyle, que de l’art contemporain, de la photographie, du design, de l’art africain ou médiéval.
Quel est votre dernier achat ?
Ma dernière acquisition est le siège de Ron Arad, Thick Vac. Il figure dans l’exposition « Ron Arad, the dogs barked », qui a lieu actuellement chez Pury & Luxembourg à Zurich, jusqu’au 3 février.
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Simon de Pury, président de Phillips de Pury & Company, maison de ventes aux enchères basée à New York et Londres
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°251 du 19 janvier 2007, avec le titre suivant : Simon de Pury, président de Phillips de Pury & Company, maison de ventes aux enchères basée à New York et Londres