Pendant la biennale, les expositions « off » scellent
la complicité entre marchands parisiens et étrangers.
PARIS - Les galeries Aveline (Paris) et Neuse (Brême) ont souvent partagé un stand à la Biennale des antiquaires (lire p. 40), à Paris. Elles ont toutes deux préféré ne pas participer à l’événement cette année pour organiser, au sein de la galerie Aveline, une exposition commune sur l’exotisme dans le goût européen. À travers une centaine de pièces, les deux antiquaires révèlent les influences étrangères sur les arts décoratifs européens, aussi bien au niveau des matériaux employés que des formes empruntées. Faute de maîtriser la laque, les Européens développèrent ainsi un substitut qu’on retrouve sur une commode estampillée Jean-François Leleu. Ailleurs, un objet viennois (vers 1870) représente Roc, oiseau magique évoqué dans les aventures de Sinbad le marin. De son côté, Hervé Aaron, s’il participe à la biennale, a aussi convié la galerie new-yorkaise À la Vieille Russie à présenter une exposition dédiée au joaillier Fabergé. Au menu pendules, cadres ou boîtes, telle celle offerte par l’impératrice Alexandra Feodorovna à sa sœur Elizaveta. Pourquoi deux antiquaires parisiens organisent-ils simultanément une exposition avec des confrères étrangers ? « Neuse a les objets, nous avons les meubles. Ils ont les collectionneurs, nous les décorateurs », explique Marella Rossi, de la galerie Aveline. « Cela fait un double listing de collectionneurs, donc deux fois plus de chances de les faire venir. À deux, on est plus fort », renchérit Laure Desmarest, de la galerie Didier Aaron.
Jeu de pistes
À sa façon, le galeriste new-yorkais Marc Jancou rassemble aussi différents acteurs du marché parisien dans un parcours entre rive gauche et rive droite ponctué d’œuvres de vingt-sept artistes actuels. Le jeu de pistes en six stations conduit du cabinet des courtiers Marc Blondeau et Étienne Breton à la galerie Catherine Houard, en passant par l’appartement privé du spécialiste de l’Art déco Jean-Marcel Camard et la galerie Lefebvre & Fils. Au programme, quelques noms branchés comme Christian Holstad, Steven Claydon ou Sterling Ruby, pour la plupart jamais montrés à Paris. « J’ai essayé de penser comme un Parisien qui a envie de tomber amoureux de Paris et de s’y perdre, explique Marc Jancou. C’est une promenade intellectuelle et physique dans laquelle le temps est important. »
Les frères Nicolas et Alexis Kugel proposeront l’exposition la plus ambitieuse de la rentrée avec « Anticomania », dans un décor grandiose signé Pier Luigi Pizzi. Le propos ? Souligner la primauté de l’art gréco-romain comme source de l’art occidental. Un gladiateur Borghèse en bronze marque le clou d’une manifestation qui compte d’autres chefs-d’œuvre comme une double tête en bronze fondue par Primatice pour le château de Fontainebleau et mal attribuée par les spécialistes de Christie’s lors de la vente Bergé-Saint Laurent l’an dernier. Mais trop de classicisme, déployé dans une mise en scène elle-même classique, ne risque-t-il pas d’être ennuyeux ? « Plus le message est précis, plus l’effet en sera fort, défend Nicolas Kugel. Il faut réapprendre à regarder ces objets et voir qu’il s’agit d’un art qui durera au-delà des modes. »
« Anticomania », galerie Kugel, 25, quai Anatole-France, 75007 Paris, tél. 01 42 60 86 23, tlj sauf dimanche 10h30-19h. Du 14 septembre au 18 décembre
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Rencontres intimes
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Abonnez-vous dès 1 €L’EXOTISME DANS L’ART EUROPÉEN, du 15 septembre au 16 octobre, galerie Aveline, 98, rue du Faubourg-Saint-Honoré, place Beauvau, 75008 Paris, tél. 01 42 66 60 29, tlj sauf dimanche 10h-19h
FABERGÉ ET LA RUSSIE IMPÉRIALE, du 16 septembre au 8 octobre, galerie Didier Aaron, 118, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 47 42 47 66, tlj sauf dimanche 11h-18h
RIVE DROITE, RIVE GAUCHE, jusqu’au 25 septembre, horaires et lieux d’exposition sur www.marcjancou.com
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°330 du 10 septembre 2010, avec le titre suivant : Rencontres intimes