NEW YORK / ETATS-UNIS
Paris Photo New York ambitionne d’être la foire des deux Amériques et permet à Reed Expositions de se réimplanter aux États-Unis.
Paris, New York. On l’a un peu oublié : en 2006, Paris Photo voulait s’installer à New York et la directrice artistique de l’époque, Valérie Fougeirol, avait même trouvé un lieu. Mais Reed Expositions, propriétaire de la manifestation, n’avait pas donné suite. Treize ans plus tard, l’accord qui vient d’être signé pour trois ans avec l’Association of International Photography Art Dealers (Aipad), l’organisateur du Photography Show, lui ouvre les portes des États-Unis afin d’y créer « Paris Photo New York ».
Cette implantation renforce sa position de leader mondial des foires photo et relance un développement international qu’elle n’avait pu ou su réaliser. En février 2016, Florence Bourgeois et Christoph Wiesner, tout juste nommés aux commandes de Paris Photo, avaient en effet dû annuler, à deux mois de son ouverture et à la demande de Reed Expositions, la quatrième édition américaine de Paris Photo Los Angeles, tandis que le projet d’une Fiac [Foire internationale d’art contemporain] dans la cité du cinéma était définitivement enterré.
New York est indiscutablement la capitale du marché de l’art. C’est là que le marché de la photo est né, et c’est là qu’il continue de prospérer. Les grandes galeries y sont présentes et dominent le marché. Les relations de la foire avec les enseignes américaines sont par ailleurs historiques, ces dernières représentant toujours le plus gros contingent d’exposants à Paris Photo derrière les Français : sur 166 galeries sélectionnées en 2018, on dénombrait ainsi 33 américaines (20 %), contre 51 françaises (31 %). Quant aux musées, institutions, fondations ou universités américains, ils constituent un vivier d’acheteurs très actif.
Paris Photo New York peut d’ores et déjà compter sur le soutien de galeries américaines ou européennes qui boudaient Photography Show comme Yossi Milo (New York), Daniel Blau (Munich) ou Taik Persons (Berlin). Pour l’Aipad, cet accord va créer à la veille de ses 40 ans (en 2020) la dynamique tant recherchée depuis quelques années. Photography Show, foire de second marché par les ventes entre marchands qui s’y font, est à la peine. Son déménagement en 2016 au Pier 94, la nomination de Béatrice Andrieux au poste de directrice artistique pour la seule édition 2017 et l’ouverture à des galeries plus jeunes, plus contemporaines dans leur approche du médium, n’ont pas apporté le second souffle attendu.
La lettre du président de l’Aipad à ses exposants résume parfaitement les enjeux de l’accord passé avec Reed Expositions : « L’Aipad n’a plus à faire d’investissements financiers ni à être en risque. » Et de préciser que les paiements annuels versés par Reed Expositions et calculés sur les revenus de la foire « iront à des initiatives à but non lucratif et à des programmes éducatifs à l’année ».
« La grande différence entre Paris Photo et l’Aipad, c’est le public, explique un marchand. L’Aipad est restée sur un public de professionnels tandis que Paris Photo a une grande variété de publics que Photography Show n’a pas réussi à capter. » La fréquentation en dit long : 68 878 visiteurs en 2018 pour Paris Photo, contre seulement 15 000 pour Photography Show en avril 2019 dans une ville pourtant bien plus importante que Paris.
« Paris Photo et l’Aipad ont des ADN complémentaires », souligne Florence Bourgeois. « Un de nos axes de développement va être de montrer plus de créations contemporaines, précise Christoph Wiesner. Des parcours collectionneurs ou grand public seront créés pour participer aussi au développement des publics de la foire. Les collaborations avec des institutions américaines seront développées. La collaboration avec [la fondation] Aperture, déjà partenaire de Photography Show, et avec laquelle Paris Photo a lancé un prix du livre photo, sera renforcée. »
Le salon Paris Photo New York restera-t-il au Pier 94 ou déménagera-t-il dans un autre lieu plus facile d’accès à New York ? « Il n’y a pas de souci d’espace au Pier 94 », répondent en chœur les deux directeurs de la manifestation, précisant qu’il serait difficile de trouver un autre site. L’augmentation du nombre de participants devrait être limitée, du moins pour sa première édition. « Si nous arrivons à dix nouvelles galeries l’année prochaine, ce sera déjà intéressant », estime le directeur artistique de Paris Photo qui assure désormais aussi la direction artistique de Paris Photo New York, tandis que Florence Bourgeois prend en charge sa direction. Un comité de sélection, le premier du genre pour l’Aipad, est en cours de constitution.
Le risque de voir Paris Photo New York supplanter à terme Paris Photo n’existe pas pour ses organisateurs. « Nous allons travailler sur d’autres territoires, insistent-ils. Aux États-Unis, il y a un certain nombre de galeries, en particulier de la Côte ouest ou plus généralement de l’Amérique du Nord et du Sud, qui ne viennent pas à Paris compte tenu de la distance et du coût. Nous voulons faire de Paris Photo New York la foire des Amériques. » Paris Photo New York, qui se déroulera du 2 au 5 avril, est également plus proche que Paris pour les galeries asiatiques. Pour autant, la nouvelle foire va renforcer le marché photo aux États-Unis et lui apporter un éclairage supplémentaire bénéfique aux acteurs locaux. Une épine dans le pied de Photo London, programmée du 14 au 17 mai 2020.
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Pourquoi Paris Photo s’installe à New York
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°528 du 6 septembre 2019, avec le titre suivant : Pourquoi Paris Photo s’installe à New York