Des expositions étonnantes ont séduit les visiteurs et déclenché plusieurs ventes.
Paris. Paris Tribal, consacré aux arts premiers et placé « Sous le signe de l’inattendu », a refermé ses portes le 29 avril. Si la manifestation n’a pas le même retentissement que le Parcours des mondes qui se déroule en septembre – plus international et plus visité –, elle gagne à être connue car c’est l’occasion de découvrir des pièces qui sortent de l’ordinaire. D’ailleurs, le concept d’une pièce « inattendue » a plu. Nombre d’exposants avaient joué le jeu comme Bruno Frey (Arnay-le-Duc, Côte-d’Or) qui avait accroché au sein de sa présentation des tableaux réalisés de sa main, un talent que beaucoup ignoraient… Dans un registre moins anecdotique, Julien Flak avait glissé dans son exposition un masque de tankiste en cotte de mailles de Grande-Bretagne, datant de la Première Guerre mondiale, clin d’œil à l’exposition « L’Homme et ses masques » du Musée Barbier- Mueller en 2005. Le marchand, qui pilote la manifestation pour la deuxième et dernière année, a vendu tout de suite un grand calumet Santee Sioux, avant 1860, plaines, États-Unis (prix : au-delà de 20 000 €).
Côté expositions thématiques, le visiteur pouvait aussi se régaler. « Pour notre présentation à quatre mains, nous avions besoin d’un espace important, difficile à trouver pendant le Parcours des mondes car tous sont pris d’assaut », a indiqué Alain Bovis, qui montrait avec Frédéric Rond (Indian Heritage) à la galerie du Crous de Paris une cinquantaine de masques de l’Himalaya (Inde, Népal, Arunachal Pradesh, Bhoutan), des objets qu’il collectionne depuis vingt-cinq ans. Chacun en avait apporté vingt-sept, dont quatre à tête de mort de Citipati, divinité protectrice bouddhique. « Les gens ne connaissent pas bien cet art. Aussi, il est abordable [à un prix compris entre 7 000 et 70 000 €], donc il est encore temps de se constituer une collection », a souligné Frédéric Rond. Toujours dans la galerie du Crous, Cédric Le Dauphin avait réuni au premier étage un ensemble de près de 300 poignées de kriss d’Indonésie (Java, Madura, Bali, Sumatra). « Les gens sont impressionnés car ils n’en ont jamais vu autant. J’attends la proposition pour vendre l’ensemble à une institution. J’aimerais que cela reste en Europe, ou que cela retourne en Indonésie – j’ai été contacté par des Indonésiens », rapporte le marchand.
L’autre exposition qu’il ne fallait pas manquer était celle de Franck Marcelin (Éguilles, Bouches-du-Rhône), sur les « Objets du Grand Nord » (prix entre 100 et 58 000 €). « Je suis spécialisé en art océanien mais je suis tombé amoureux de l’art du Grand Nord il y a quarante ans. Ce n’est pas courant de réunir autant d’objets de ce coin du monde. J’ai rencontré un joli succès, avec plusieurs objets vendus. J’avais besoin d’espace alors j’ai montré mon exposition maintenant plutôt qu’au Parcours des mondes où la galerie que j’occupe est plus petite. » Parmi les objets rarissimes, un kayak pour enfant, vers 1900, population Inuit, à la provenance en or puisque collecté par l’explorateur et ethnologue Knud Rasmussen. « J’ai de nombreuses pièces entre 1 000 et 5 000 euros. Ça permet de démarrer une collection. »
Beaucoup de monde s’est pressé au vernissage, des Américains et des Australiens avaient fait le déplacement. Puis, après un creux, les affaires ont repris le week-end avec la venue d’Allemands, de Belges, de Suisses… Et même si les visiteurs semblaient un peu moins nombreux que l’an dernier, cela n’a pas empêché la grande majorité des marchands de vendre, surtout des pièces à un prix entre 5 000 et 15 000 euros.
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Paris Tribal hors des sentiers battus
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°633 du 10 mai 2024, avec le titre suivant : Paris Tribal hors des sentiers battus