Paris à l’heure asiatique

Paris. Galeries, antiquaires, maisons de ventes, musées, collectionneurs, amateurs... tous se rassemblent autour des arts asiatiques au moment où la France et la Chine célèbrent 60 ans de relations culturelles entre les deux pays. « Paris, et la France de manière générale, est un centre important pour l’art asiatique car il y reste des collections. Et traditionnellement, en juin, il y a les ventes publiques dans lesquelles les collectionneurs asiatiques aiment venir acheter », souligne Christophe Hioco, qui préside l’événement.

En tout, vingt-neuf marchands (dont onze étrangers), sont présents. Quinze d’entre eux exposent à la Pagode, demeure mythique du célèbre marchand et collectionneur chinois C. T. Looe (1880-1957). Un chiffre en hausse grâce à l’ouverture des troisième et quatrième étages. Parmi eux figurent les nouveaux Gregg Baker (Bruxelles), Jonathan Hope (Londres), Marcel Nies (Anvers) ou encore Carlon Rochell (New York), venu avec une sculpture en alliage de cuivre, de l’ancienne région du Gandhara représentant une mère et son fils divins jouant, vers 500 av. J.-C. (autour de 130 000 €). Déjà présents l’an passé, Clare Chu (Los Angeles) montre des tabatières chinoises, spécialité pour laquelle elle est reconnue, quand l’Anglais Runjeet Singh expose une miniature indienne aquarellée représentant un monstre marin dévorant un navire, Inde, province moghole (24 000 €). Répartis dans la capitale française, quatorze marchands prennent part à la manifestation, comme la galerie Béalu, qui montre de la porcelaine chinoise d’exportation, Jean-Christophe Charbonnier qui expose des armures japonaises, ou encore la nouvelle recrue Tenzing Asian Art (San Francisco & Hong Kong), spécialisée dans les objets d’art himalayens

Fait notable, de plus en plus d’exposants montrent de l’art asiatique contemporain : Louis & Sack organise un solo show consacré à l’artiste coréenne Lee Hyun Joung (née en 1972) ; chez LooLooLook Gallery, c’est l’artiste Karen Watanabe qui expose ses kirigamis, technique japonaise de découpage du papier, tandis que Jean-François Cazeau dévoile des encres sur papier de T’ang Haywen (1927-1991), en écho à l’actuelle exposition du Musée Guimet et que la galerie Hioco met en avant des céramiques contemporaines japonaises de Yukiya Izumita.

En parallèle, douze maisons de ventes se joignent à l’événement : Bonhams Cornette de Saint-Cyr met en vente le 11 juin la collection de Jules Speelman, l’un des plus grands collectionneurs et marchands d’art asiatique au monde (dont une figure d’Ushnishavijaya, Tibet, XVIIe siècle, estimée 600 000 à 800 000 €), tandis que Christie’s met en avant une coupe tripode en grès émaillé Junyao, Chine, dynastie Yuan-Ming, XIVe-XVe siècles (est.150 000-200 000 €). Drouot aussi prend part à la manifestation : Tessier-Sarrou mise le 12 juin sur une cloche rituelle bianzhong chinoise d’époque Kangxi (est. 200 000-300 000 €), quand, la veille, Giquello vend une partie de la collection de la galerie Jacques Barrère.

Un colloque mondial est organisé au même moment au Musée Guimet – des représentants du Met ou encore le directeur du Musée de Shanghai devraient être présents – tandis que des expositions temporaires ont été concoctées dans neuf musées et institutions, comme au Musée Cernuschi, qui met en lumière les estampes japonaises du legs Paul Tavernier.