Malgré les critiques, la réforme en cours, la conjoncture difficile et la concurrence des grandes maisons de ventes internationales, Drouot reste l’un des hauts lieux du marché de l’art à Paris. Ses salles ne désemplissent pas d’objets de toutes sortes, et parmi eux, nombre de très belles pièces les transforment en musée éphémère. En mars, les amateurs pourront justement admirer quelques œuvres de haute qualité.
Côté mobilier, une commode attribuée à Charles-André Boulle en placage d’amarante, ornée de bronzes ciselés et dorés, affiche son plus pur style Louis XIV, beaucoup moins abondant sur le marché que le Louis XV. Outre ses lignes classiques, l’abondance des bronzes et leur qualité de sculpture donnent à ce meuble une touche fastueuse, bien en rapport avec son époque. On remarque des motifs typiques dans la manière de Boulle, par exemple les masques de femme décorant les poignées de tirage et les côtés, ou encore les pieds en pattes de lion. Plus rares que les commodes, les bureaux plats font partie du mobilier de prestige. Ils jouissent d’une demande toujours très soutenue à cause de leurs lignes classiques et de leur côté pratique. Les modèles d’époque Régence, bien typés dans leur décor, et fabriqués pendant une courte période de l’histoire (1715-1724) figurent parmi les plus appréciés. Dans la même vente se trouve un régulateur, un instrument de haute précision horlogère, qui servait à régler les pendules. Ces mécaniques élaborées ont été habillées de marqueteries et de bronzes par les meilleurs ébénistes, et leurs prix restent toujours élevés. Celui-ci porte l’estampille d’Antoine Dubois, dont les créations atteignent une forme de perfection dans le goût Louis XV. Autre pièce digne d’un musée, une partie de service en porcelaine tendre de Sèvres orné du décor polychrome à la feuille de choux, dont le prix annoncé se monte à 200 000/250 000 F. Étape technique dans la fabrication de la porcelaine, la pâte tendre est un thème de collection très prisé et les productions de la Manufacture Royale de Sèvres demeurent les plus recherchées. Du côté des tableaux, hormis une vente d’art contemporain menée par l’étude Briest, on pourra admirer à Drouot une Naissance de la Vierge un travail de l’école d’Augsbourg du premier quart du XVIe siècle, la ville natale de Hans Holbein le Vieux vit l’apogée de son rayonnement artistique. Devenue l’un des principaux centres du développement de la peinture allemande, ouverte aux courants flamands et italiens, l’école d’Augsbourg brille alors d’un éclat particulier. Plus récent, le Portrait présumé de François De Le Boe Sylvius à l’âge de 52 ans est une œuvre de Frans van Mieris (1635-1681), premier artiste d’une dynastie de peintres hollandais célèbre pour ses portraits. Enfin, si l’on délaisse Drouot pour gagner l’espace Tajan de la rue des Mathurins, vaste capharnaüm du bon goût, on passera d’une console Louis XV à des vases en porcelaine de Saint-Pétersbourg ou des fauteuils Louis XV estampillés Avisse. Sans oublier quelques tableaux sans qui ce musée éphémère ne serait pas complet.
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Paris, le musée éphémère de mars
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°504 du 1 mars 1999, avec le titre suivant : Paris, le musée éphémère de mars