En 1951, Betty Parsons exposait en même temps des toiles de Lee Krasner et des collages d’Anne Ryan qui créait des compositions à base de papiers. Lee Krasner et son mari Jackson Pollock rendirent visite au fabricant, Douglass Morse Howell. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, G.I. en France, Howell avait appris à faire le papier à la cuve. Il vivait à Westbury, près de New York, au milieu de piles de chiffons, de pulpe de papier, de pigments, de cadres de toile métallique, de presses et de séchoirs. Durant les trente années suivantes, Howell approvisionna une génération d’artistes, avant de disparaître, il y a trois mois, à l’âge de quatre-vingt-huit ans. Du 1e juin au 22 juillet, la galerie Joan Washburn présente \"À la mémoire de Douglass Morse Howell\", une exposition d’œuvres de Ryan, Krasner, Pollock et de leur ami Alfonso Ossorio, exécutées sur ses papiers.
La galerie Cohen (9 juin - 18 juillet) expose des "Dessins sur la sculpture" signés Louise Bourgeois, Robert Gober, Yannis Kounellis, Matthew Barney, Damien Hirst et Marcel Duchamp. Des œuvres récentes, sur papier, de Sam Francis et Judy Pfaff seront présentés chez Emmerich (7 juin - 15 juillet), et chez Salander-O’Reilly, où le dessinateur Ivan Chermayeff expose de nouveaux collages, (2 - 25 juin).
Charles Spurrier, chez Barbara Toll (2 - 30 juin), n’a pas besoin de supports raffinés, il peint sur un mur blanc. Les matériaux dont il use, pigments en poudre et plastique mêlés à de la vaseline, ne sont pas traditionnels. Une rétrospective des études de Donald Lipski, ayant le mur pour support, est présentée chez Lelong jusqu’au 26 juin. Elle s’ouvre sur "Gathering Dust", un échantillonnage de petits objets trouvés, fixés par de longues épingles, comme des spécimens classés par un entomologiste fou. Un "Tobaccolage" de cette année ferait certainement bon effet dans la collection de la société Philip Morris.
Les œuvres murales de technique mixte de Dennis Adams – bois, métal, diapositives projetées, – qu’il qualifie de Trans-actions, sont visibles chez Kent jusqu’au 1 juillet. Alan Rath utilise de toutes autres techniques mixtes : ses sculptures comportant sonorisation et vidéo, évoquent l’âge d’or de la science-fiction et sont rassemblées chez Weber jusqu’au 25 juin. Chez T Z’Art & Co, deux Californiens, Locurto et Outcault, présentent jusqu’au 11 juin des constructions de verre, d’acier et d’éléments vidéo. Enfin, de nouveaux assemblages mécaniques de John Kessler, plus complexes sont visibles chez Luhring Augustine jusqu’au 18 juin.
Le premier prix des créations multimédias devrait aller à Ben Neill, chez Paula Cooper (9-24 juin). Il y présente "Green Machine", un décor qui "explore les frontières entre le spectacle, l’installation et les salles ‘chill out’ , où l’on plane dans les clubs branchés". Ses claviers interactifs, commandés par ordinateur, contrôlent le son, l’éclairage et la projection d’images. Ces dernières, fournies par Chrysanne Stathacos, sont animées par un système de projecteurs interface, mis au point par Chris Conti et le groupe STEIM d’Amsterdam. L’artiste participera aux soirées spéciales des 9, 16 et 23 juin.
La plus aboutie de toutes les formes multimédias se trouve sous le feu des projecteurs chez Peter Blum. Du 4 juin au 29 juillet, on s’y familiarisera avec le travail d’une équipe suisse. Les architectes Herzog et Demeuron ont créé un cadre entièrement jaune pour présenter les maquettes et les photographies, de 1,82 x 2,13 m, des sept bâtiments qu’ils ont construits, dont une galerie d’art à Munich. De son côté, à la galerie Sandra Cering, un jeune architecte, Simon Ungers, a transformé l’espace par ses interventions minimalistes (jusqu’au 25 juin).
Michael Heizer, pour sa part, préfère les interventions massives. C’est ainsi qu’il a conçu l’ouverture d’une succursale new-yorkaise de la Ace Gallery de Los Angeles. Il a installé dans une demi-douzaine de salles des pièces de deux sortes : des granits et des "objets perforés" en béton, suspendus à des filins d’acier. Quant aux mégalithes de granit, qui pèsent jusqu’à sept tonnes, ils sont placés dans des fosses rectangulaires, ou bien encastrés dans la salle centrale forment un couloir "de cérémonie". Sarah Morris chez Klagsbrun (jusqu’au 18 juin) explore les ombres de la vie moderne. Son exposition "Try God" comporte des sérigraphies de tueurs, des dessins et des panneaux de grand format qui lancent des avertissements : Keep out (Sens interdit), Private Property (Propriété privée), et Jesus Knows, (Jésus sait).
Chez Postmasters, un groupe d’artistes étudie les dysfonctionnements de la nature humaine. On trouve Christian Schumann, Manuel Ocampo, qui s’en prend au sexe, à la religion, à la politique, et Constantine Takanijas, qui illustre les relations cruelles des enfants (2 juin - 2 juillet). Marlene Dumas, chez Tilton jusqu’au 18 juin, a pris des bébés et des enfants pour sujets de ses toiles ambiguës. Wendy Ewald, chez James Danziger, s’est donné pour mission d’apprendre la photographie aux enfants, afin de développer leur sensibilité visuelle. Elle montre ses travaux à côté de ceux d’enfants du Kentucky, de Colombie ou de l’Inde.
On appréciera les nouvelles abstractions de Peter Schuyff, chez Kasmin (jusqu’au 18 juin), et celles de Ross Bleckner, chez Mary Boone (jusqu’au 25 juin). Les pastels et les toiles d’Adja Yunkers sont visibles à la galerie Associated American Artists, (9 juin-15 juillet). Per Kirkeby a sélectionné pour Michael Werner ses œuvres sur tableau noir (jusqu’au 8 juillet). Les sculptures abstraites de Rebecca Welz, en plexiglass peint, sont accrochées chez Borgenicht (9 juin -29 juillet).
Il faut souligner l’intérêt de l’exposition de groupe chez M-13, quatre peintres abstraits, Robin Rose, Chris Marcoux, Peter Allain et Ingrid Langanke, (2-30 juin), et celle d’un autre quatuor : Cora Cohen, Susanne McClelland, Dona Nelson et Jack Witten , chez Penine Hart, jusqu’au 2 juillet.
Betsy Berne, Catherine Howe, Kathleen Gilje et Bruce Witsiepe présentent leurs recherches chez Curt Marcus, (30 juin au 30 juillet). Jeanie Deans redéfinit l’icône pop pour les années quatre-vingt-dix ("Redefining the Pop Icon in the 90’s), chez Pamela Auchencloss (2 juin - 16 juillet). Chez Ronald Feldman (4 juin - 8 juillet), Maurice Berger a joué les commissaires pour "Ciphers of Identity", en accrochant des œuvres de Nina Yankowitz, Barbara Kruger, Deborah Kass et Yvonne Rainer. Les artistes de la galerie Nancy Hoffman et les amis du peintre Juan Gonzalez, ont réuni des œuvres en son honneur (jusqu’au 1er juillet). Enfin Jay Gorney présente une sculpture - poisson, de Lee Bontecou (11 juin - 29 juillet).
Ces deux dernières décennies, de nombreuses manifestations artistiques n’auraient pas eu lieu sans l’intervention des "New York Independent Curators". Pour célébrer les vingt ans de cette organisation, les critiques Dan Cameron et Kay Larson, ainsi que l’artiste John Baldessari ont organisé une vente de charité chez Sonnabend, jusqu’au 8 juillet.
Autre célébration, celle de la Galerie St. Étienne (7 juin – fin août), on y fête le cinquante-cinquième anniversaire de sa fondation par Otto Kallir. En hommage à ce dernier, on a réuni des œuvres représentatives de ses deux domaines de prédilection : l’expressionnisme autrichien et l’art autodidacte.
Si à ce point vous êtes las de contempler des œuvres d’art, intéressez-vous à ceux qui les font. Chez Sander (jusqu’au 25 juin), vous trouverez une exposition De Kooning. À l’International Center of Photography, jusqu’au 4 septembre, vous reconnaîtrez Matisse et Giacometti parmi quarante portraits d’Henri Cartier-Bresson. Pour terminer, chez Knoedler, jusqu’au 17 juin, vous verrez les artistes photographiés par l’Italien Ugo Mulas durant les années Soixante: Jasper Johns, Robert Rauschenberg, Alexander Calder, Kenneth Noland, Morris Louis et Frank Stella.
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New York : les mégalithes de Michael Heizer
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°4 du 1 juin 1994, avec le titre suivant : New York : les mégalithes de Michael Heizer