Ventes aux enchères

New York, des ventes en baisse de plus de 30 %

Par Alexia Lanta Maestrati et Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 28 novembre 2019 - 879 mots

L’absence de collections réputées et de lots stars a fait chuter les ventes des grandes vacations d’art impressionniste, moderne et contemporain new-yorkaises par rapport à l’an passé.

New York. Alors qu’en novembre 2018, Christie’s et Sotheby’s avaient enregistré un total de près de 2 milliards de dollars*, cette année, elles accusent une baisse de 35 % avec un résultat cumulé d’1,3 milliard de dollars, tout en enregistrant des taux de ventes satisfaisants. Le peu de collections privées d’envergure et de lots importants sur le marché a logiquement limité le montant attendu. La frilosité des vendeurs dans un contexte économique incertain n’y est certainement pas étrangère.

L’art impressionniste et moderne sans éclat

Pour les ventes du soir d’art impressionniste et moderne, les résultats cumulés de Sotheby’s et Christie’s – 400,9 millions de dollars – sont également en baisse de 30 % par rapport à l’an dernier. Cependant, les deux vénérables maisons s’en sortent plutôt bien malgré l’absence d’œuvres phares.

Christie’s a engrangé 192 millions de dollars (contre 279 l’année dernière). Ce résultat, compris dans la fourchette d’estimation (138 à 203 millions), accuse une baisse de 31,3 % – hors collection Ebsworth –, alors même que le taux de vente est supérieur à la moyenne, puisque 90 % des lots ont trouvé preneur. Cette dichotomie s’explique par l’absence de lots estimés à 50 millions comme l’an passé et le retrait de trois œuvres avant la vente. La plus haute enchère de la soirée est allée à une toile de René Magritte, Le Seize septembre (1957), adjugée 19,5 millions de dollars, bien au-delà de son estimation haute (10 millions), tandis qu’une sculpture d’Umberto Boccioni, Formes uniques de continuité dans l’espace, conçue en 1913 et fondue en 1972, a atteint 16,1 millions de dollars – soit trois fois son estimation haute –, devenant ainsi un record mondial pour l’artiste italien.

Chez Sotheby’s, ce sont quelque 209 millions de dollars qui ont été récoltés, dans la fourchette de son estimation et en baisse de près de 34 % par rapport à novembre 2018. Pour autant, la maison de vente de Patrick Drahi a réussi à vendre tous ses lots vedettes – certes, sans étincelles – à l’instar de Pont de Charing Cross, de Claude Monet (voir ill.), adjugée 27,6 millions de dollars et Richard Gallo et son chien Dick au Petit-Gennevilliers, de Gustave Caillebotte – jamais apparu sur le marché –, vendu 19,7 millions de dollars. Par ailleurs, un record a été établi pour une œuvre de Tamara de Lempicka, La Tunique rose, cédée à 13,4 millions de dollars.

L’art contemporain ne fait pas mieux

Les vacations d’art contemporain n’ont pas échappé à la baisse générale. La maison de François Pinault a adjugé 442 millions de dollars, dont 325 millions pour sa vente du soir, contre 654 millions en 2018, soit une baisse de 33 %. Sotheby’s, qui se positionne, comme l’an passé, derrière sa concurrente, accuse une baisse de 20 % passant de 462 millions de dollars en 2018 à 372 millions en 2019, dont 271 millions pour sa vente du soir. Soit un total cumulé de 814 millions de dollars, fidèle aux estimations, mais bien loin du 1,1 milliard encaissé en 2018.

L’adjudication la plus haute de la saison revient à Christie’s pour une toile d’Ed Ruscha. Hurting the Word Radio #2 (voir ill.), de 1964, qui est partie à 52,4 millions de dollars, établissant un nouveau record pour l’octogénaire américain. Seul lot à dépasser la barre des 50 millions, ce record est bien loin de celui de David Hockney, vendu 90,3 millions l’an passé, qui avait permis à la maison britannique de faire les grands titres des journaux. Notons qu’une toile d’Ed Ruscha, pourtant de la collection du créateur de mode Marc Jacobs, est restée sur le carreau chez Sotheby’s (estimée entre 2 et 3 millions de dollars).

Pendant les ventes du soir, au total huit enchères ont franchi la barre des 10 millions de dollars chez Christie’s et six chez Sotheby’s, attribuées aux mêmes grands noms que les années précédentes. Une toile de Gerhard Richter a été adjugée 20,4 millions de dollars et Sur la terrasse de David Hockney est partie pour 29,5 millions de dollars chez Christie’s. Les enchères les plus importantes chez Sotheby’s reviennent à deux peintres abstraits, avec une toile de Willem de Kooning, adjugée 30 millions de dollars, suivie d’une œuvre de Mark Rothko partie pour 26,4 millions.

Chacune des maisons a connu son lot d’invendus, chez Sotheby’s, ce sont quatre lots qui n’ont pas trouvé d’acquéreur, dont une toile de David Hockney, estimée entre 8 et 12 millions de dollars, et sept chez Christie’s, dont une huile sur toile de Barnett Newman, estimée entre 4 et 6 millions.

Seule la maison de vente américaine, Phillips, qui ne propose que du contemporain, affiche une progression. Elle totalise 148,3 millions de dollars soit 30 % de plus qu’en 2018. Sa vente du soir atteint 108 millions de dollars contre 88,5 millions en 2018. Parmi les adjudications les plus hautes, toutes fidèles à leurs estimations, signalons The Ring de Jean-Michel Basquiat partie pour 15 millions de dollars, Smoking II de Philip Guston pour 7,6 millions, ou encore, un nouveau record pour le peintre abstrait Sean Scully dont la toile Red Bar s’est envolée pour 1,7 million de dollars.

* Tous les résultats sont indiqués frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°534 du 29 novembre 2019, avec le titre suivant : New York, des ventes en baisse de plus de 30 %

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