Olivier Masmonteil continue son voyage dans la peinture et ressuscite des scènes de « La mémoire du passé » à la galerie Dukan.
PARIS - Toute exposition d’Olivier Masmonteil est un plaisir de peinture. Celle-ci n’échappe pas à ce qui est devenu une habitude depuis ses débuts en 2002. À l’époque il décide d’organiser méthodiquement son travail en plusieurs chapitres. Le premier, qui s’articule autour de la possibilité de peindre, va prendre le paysage pour sujet exclusif. Il va durer douze ans. Avec à la clef un voyage autour du monde de plus de six mois, histoire d’aller voir sur pièces et sur place ce qu’on a imaginé dans l’atelier, histoire d’en sortir pour mieux y revenir la tête pleine d’images et les doigts pleins d’impatience de les peindre.
Le deuxième chapitre démarré en 2012 s’intitule explicitement « Le plaisir de peindre ». « Si la possibilité de peindre m’a permis d’envisager la profondeur de la peinture, le plaisir me permet d’en expérimenter l’ampleur », écrit Masmonteil (né en 1973) dans la préface du catalogue. Un plaisir double en fait : le nôtre de voir ses toiles et le sien de les faire, avec d’autant plus de jubilation que pour cette deuxième étape il élargit la palette, ne s’interdit aucun sujet et aborde donc aussi bien le nu que la scène de genre, le portrait, la nature morte, le paysage encore, la vanité, la référence aux maîtres du passé. Et dans ce dernier registre, les deux lauréats sont Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) et John Singer Sargent (1856-1925). Rien de moins. Pourquoi eux ? D’une part le second a beaucoup admiré le premier et ensuite parce qu’« entre ces deux peintres il se passe deux révolutions très importantes : l’invention de la photographie et la théorie des couleurs de Chevreul », indique Masmonteil, pour qui un tel programme est une formidable fenêtre à plusieurs volets sur l’hypothèse de la peinture.
Ingres réapproprié
Dans ses grands formats, il se réfère à Ingres et à ses portraits de commande afin de lui emprunter ses dames de Moitessier, de Broglie, de Rotschild. Mais il a effacé leurs visages, pour déplacer et concentrer le regard sur des détails qui cristallisent toute la peinture. Masmonteil peut ainsi donner le coup de projecteur ailleurs, et justement sur la lumière dont il s’amuse des rais et des plages. Pour mieux accrocher ses rayons, il se complaît dans les plis, multiplie les drapés, merveilleux pièges pour les contrastes ombre-lumière et clair-obscur. Chaque tableau est le résultat de plusieurs sources lumineuses, intérieures comme extérieures, pour brouiller les pistes et sortir d’une temporalité et d’une ambiance définissables. Matin, soir, chaud, froid ? Il joue d’ailleurs aussi beaucoup avec le cadre, transplantant les riches étoffes ostentatoires dans des décors plus contemporains, un salon de coiffure à Boston, un intérieur japonais après Fukushima, un hôpital d’un pays de l’Est. On retrouve évidemment cette approche dans ses moyens formats, qui flirtent eux avec Sargent. Dans cette suite de toiles, Masmonteil a flouté les têtes de ses personnages et là encore tout est mis en place pour devenir prétexte à la jubilation de la peinture, les sujets (crânes, objets divers, bibelots, bouquets, natures mortes), les matières, les transparences, les mouvements. Enfin dans une troisième série, les plus petits formats, il revient à Ingres. De la même manière que l’auteur de La Grande Odalisque avait tendance à délaisser les mains pour mettre l’accent sur ce qu’elles tenaient, Masmonteil place ici le faisceau sur des bijoux et surtout sur les vanités. Pas de vanité en revanche dans le prix des toiles qui vont de 4 000 euros pour les petits formats (74 x 60 cm) à 12 000 euros pour les plus grands (197 x 163 cm).
Nombre d’œuvres : 19
Prix : de 4 000 à 12 000 €
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Masmonteil voyage dans le temps
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 17 avril, Galerie Dukan, 24 rue Pastourelle, 75003 Paris
tél. 09 81 34 61 83
www.galeriedukan.com
mardi-samedi 13h-19h
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°410 du 28 mars 2014, avec le titre suivant : Masmonteil voyage dans le temps