Les galeries spécialisées ont quitté la foire, mal positionnée.
PARIS - Qui trop embrasse mal étreint. Le galeriste Andrew Edlin, nouveau propriétaire de l’Outsider Art Fair, se serait-il un peu précipité en lançant une antenne parisienne en octobre 2013 neuf mois après l’organisation de sa première édition new-yorkaise ? Wide open arts, l’agence sous le nom de laquelle il a acquis en 2012 la foire fondée en 1993 par Sandy Smith, avait peiné l’an passé à réunir sur les bords de Seine une brochette de galeristes spécialistes d’art brut, d’outsider art et d’autres artistes autodidactes. Las, un an plus tard, pour cette deuxième édition organisée du 23 au 26 octobre, quelques-uns de ses meilleurs atouts ont déjà quitté le navire. Ainsi du parisien Christian Berst et du strasbourgeois Jean-Pierre Ritsch-Fisch, qui ont rejoint (Off)icielle, la foire satellite de la Fiac qui se tient au même moment à Paris (lire p. 28).
« Il est impossible de mettre sur le même plan l’art brut, auquel j’ai décidé de me consacrer entièrement, et l’art des autodidactes. Dans l’époque de grande confusion dans laquelle nous vivons, il est important d’être clair et de tout faire pour que les collectionneurs s’y retrouvent », insiste Christian Berst. Le galeriste parisien milite pour sortir l’art brut du « ghetto » dans lequel certains voudraient l’enfermer et pour encourager un dialogue de celui-ci avec le meilleur de l’art moderne et contemporain. Même exigence chez Susanne Zander, galeriste allemande réputée et respectée dans cette spécialité, qui a refusé d’exposer à l’Outsider Art Fair préférant, précise-t-elle, être présente dans des foires d’art contemporain. « En tant que galeristes mais aussi à l’égard des artistes que nous défendons, nous n’avons aucune envie d’être placés dans la position d’“outsider” », souligne avec humour la galeriste implantée à Berlin et Cologne.
Art spontané
Ces départs de promoteurs de l’art brut mais aussi de spécialistes d’art singulier, à l’instar de Béatrice Soulié (Paris), ont amené les organisateurs à ouvrir plus largement les portes des chambres de l’hôtel Le A et à accueillir des exposants éloignés de cet art spontané, imperméable aux normes et valeurs collectives de nos sociétés. Ainsi de la Pop Galerie de Laurent Strouk ou d’Air de Paris (Paris). « Nous sommes des amateurs d’art brut, mais nous n’avons pas de connaissances poussées dans ce domaine », reconnaît Florence Bonnefous (Air de Paris), recommandée aux organisateurs de la foire par Daniel Baumann, l’ancien directeur de la Fondation Adolphe Wölfli à Berne (Suisse). On trouve donc, parmi les vingt-six exposants répartis sur les six étages du 4-étoiles de la rue d’Artois, neuf spécialistes d’outsider art – dont les américains Cavin-Morris, Fleisher/Ollman et Karen Lennox et le britannique Henry Boxer – au milieu d’une ribambelle de galeries d’art moderne et contemporain dont l’intérêt pour la spécialité semble pour certaines très récent.
« Les visiteurs découvriront à l’Outsider Art Fair des œuvres qui ne sont pas montrées sur les foires d’art contemporain dont les propositions sont souvent très attendues et qui offrent peu de réelles surprises », se défend néanmoins Andrew Edlin.
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L’Outsider Art Fair se délite
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Abonnez-vous dès 1 €Du 24 au 26 octobre, hôtel Le A, 4, rue d’Artois, 75 008 Paris, www.outsiderartfair.com, le vendredi 24 et samedi 25, 11h-20h, le dimanche 26, 12h-18h.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°421 du 17 octobre 2014, avec le titre suivant : L’Outsider Art Fair se délite