La première Outsider art fair parisienne a contenté les visiteurs et les galeristes.
PARIS - Les 24 marchands réunis à l’hôtel le A, du 24 au 27 octobre, semblent avoir plutôt bien tiré leur épingle du jeu. Un hôtel 4 étoiles chic à deux pas des Champs-Élysées. Drôle d’endroit pour exposer cet art spontané, longtemps dissimulé dans les asiles psychiatriques, les milieux spirites et les jardins secrets d’originaux visionnaires. Un lieu insolite, voire incongru, pour montrer ces œuvres souvent créées dans le dénuement, l’enfermement ou la maladie par des artistes poussés par un instinct créateur obsessionnel.
Dans une chambre confortable avec vue sur la tour Eiffel, un petit dessin grouillant de vie de l’ancien esclave Bill Traylor se retrouve accroché entre une télévision à écran plat, un minibar et un coffre-fort, non loin de profils perforés de Carlo Zinelli. Un peu plus loin, une encre de Chine de Jean-Pierre Nadau saturée d’architectures fantastiques est suspendue au-dessus d’une baignoire en marbre blanc. Au bout d’un petit couloir, de petites feuilles de l’artiste néo-zélandaise Susan te Kahurangi King sont étalées sur un lit. « Nous étions au départ un peu dubitatifs quant au choix de ce lieu pour y héberger le salon », glisse une collaboratrice du galeriste Christian Berst qui proposait notamment de grandes encres sur papier de Guo Fengyi entre 11 000 et 14 000 euros et des dessins de Josef Hofer entre 2 000 et 3 000 euros. « C’est un salon très réussi », souligne le marchand londonien d’art contemporain Rob Tufnell qui a vendu quelques œuvres de Mary Barnes et de David Burton entre 700 et 4 000 euros.
« Mieux qu’à New York »
Responsables de grandes collections publiques (American folk art museum, LaM de Villeneuve-d’Ascq, Collection de l’art brut de Lausanne) ou privées (Museum of everything), commissaires d’exposition, galeristes spécialisés : tout le gotha du petit monde de l’art outsider a répondu présent. Massimiliano Gioni, le directeur artistique de la 55e Biennale de Venise qui a ménagé une large place à l’art brut au sein de son exposition « Il Palazzo enciclopedico », s’est montré très intéressé notamment par les œuvres d’ACM et par celles d’Hervé Bohnert (galerie J.-P. Ritsch-Fisch).
Le niveau des ventes semble avoir été plutôt satisfaisant. Si plusieurs galeristes paraissaient, samedi soir, avoir peu ou moyennement vendu, une bonne dizaine d’entre eux se déclaraient satisfaits, et même très satisfaits comme Karen Lennox (Chicago) qui a cédé plusieurs œuvres à plus de 100 000 dollars dont un dessin de Bill Traylor, et une dizaine de photographies d’Eugene Von Bruenchenhein. « Nous avons fait un meilleur résultat qu’à l’Outsider art fair de New York », clamait de son côté Sharin Cavin de la galerie Cavin-Morris. Satisfaction également sur le stand de la galerie du Marché (Lausanne) où Jean-David Mermod et son associé Philippe Eternod dévoilaient à un public averti leur large sélection d’œuvres d’Aloïse, Madge Gill, Louis Soutter, Scottie Wilson et autre Josef Wittlich. C’est un art « élitiste pour tous », s’amuse Jean-David Mermod après avoir tout juste cédé un dessin de Scottie Wilson à 2 500 euros.
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L’Outsider Art fair à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°400 du 1 novembre 2013, avec le titre suivant : L’Outsider Art fair à Paris