Président du Salon du dessin

Louis de Bayser : « Exposer des dessins "forts" »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 16 mars 2016 - 511 mots

PARIS

Louis de Bayser, marchand de dessins à la tête du Salon du dessin depuis 2014, explique les raisons du succès de la manifestation et son mode de fonctionnement.

Comment expliquez-vous le succès du Salon du dessin ?
Il y a plusieurs facteurs. D’abord, c’est un salon coordonné par des marchands, qui sont très investis dans son organisation. Ensuite, il s’est très vite tourné vers l’international, ralliant de nombreux marchands étrangers dès ses débuts. Enfin, il a aussi su créer des événements autour de lui, comme le colloque ou la « semaine du dessin », le rendant plus attractif.

Quel type d’œuvres les marchands privilégient-ils ici ?
En général, les marchands gardent leurs œuvres les plus emblématiques, les découvertes faites dans l’année. Ce peut être les œuvres d’artistes pas nécessairement connus du grand public mais qui, pour un collectionneur averti, revêtent une importance, parce qu’ils font partie par exemple d’un mouvement majeur. La plupart des exposants gardent les dessins qui ne sont pas forcément les plus chers mais qui sont les plus importants en termes d’image. Montrer qu’ils sont capables de trouver des dessins « forts » compte.

Comment la sélection des participants se fait-elle ?
Nous, les huit organisateurs, nous nous réunissons tous les mois pour préparer l’édition. Parmi les candidatures nous examinons les galeries qui souhaiteraient y exposer pour la première fois et pouvons décider de les inviter. Il y a aussi des galeries qui ne souhaitent pas revenir parce que les dates du salon ne leur conviennent pas. Par exemple, cette année, il n’y a qu’une semaine d’intervalle avec la foire Tefaf à Maastricht (ce qui pose problème notamment aux marchands américains). Ceci libère une place pour un nouveau participant. Autre cas de figure : nous ne reprenons pas un marchand qui nous a déçus ou [auquel nous préférons] un candidat qui correspond davantage à ce que nous souhaitons montrer. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne sera pas invité l’année suivante. Chaque marchand a sa propre vision, son propre goût, et il est intéressant de découvrir une nouvelle manière d’exercer ce métier.

Quelle est la force du Salon par rapport à la section papier de Tefaf ?
La section papier de Tefaf n’est qu’un périphérique. Les amateurs de dessin ont le réflexe d’aller à Paris plutôt qu’à Maastricht car il y a une multitude de choses à voir en rapport avec leur spécialité : un nombre supérieur d’exposants (20 à Tefaf contre 39 à Paris) et plus d’expositions.

Comment se porte le marché du dessin selon vous ?
L’écart se creuse de plus en plus entre les dessins très importants, qui continuent à monter, et le reste du marché, qui se stabilise. Cette distorsion est une des conséquences de la raréfaction des dessins majeurs. Cette tendance n’est pas propre à ce marché spécifiquement mais au marché de l’art dans sa globalité. La raréfaction des œuvres pousse les gros collectionneurs et les musées à payer plus cher car ils savent que les marchands auront de plus en plus de difficulté à leur proposer des feuilles de cette qualité-là.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°453 du 18 mars 2016, avec le titre suivant : Louis de Bayser : « Exposer des dessins “forts” »

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