Les 116 œuvres de Jacques Villon réunies par la Galerie Schmit à Paris proposent un regard rétrospectif sur la longue carrière de l’artiste.
PARIS - « Villon est un peintre que j’aime beaucoup et que j’ai collectionné à titre personnel, explique Manuel Schmit, le directeur de la Galerie Schmit. Il est aujourd’hui mal connu du public français. Beaucoup de ses œuvres sont d’ailleurs aux États-Unis où il n’a jamais été déprécié depuis sa participation à l’Armory Show en 1913. » Exigeant sur les mérites des pièces présentées, le marchand a fait appel à plusieurs prêteurs pour constituer une exposition à 80 % non commerciale. « La production de Villon est d’environ 1 000 tableaux de qualités variables, il faut donc impérativement être très sélectif », précise-t-il.
La présentation retrace chronologiquement soixante années d’une carrière prolifique. Gaston, l’aîné de la fratrie Duchamp, s’engage en 1894 dans une carrière artistique. Il adopte alors le pseudonyme de « Jacques Villon », double hommage au poète médiéval et à un héros d’Alphonse Daudet. À partir de 1911, le peintre s’intéresse aux recherches cubistes qui rejoignent ses préoccupations d’ordonnance et de discipline du tableau dans lequel le hasard n’a pas de place. « Vision pyramidale » et « ligne d’intention » sont dès lors ses maîtres mots. Chef-d’œuvre de jeunesse, le Portrait de Marcel Duchamp (1913), illustre cette volonté de rigueur théorique et plastique.
Mobilisé en 1914, il reprend ses travaux en 1918, fort d’une nouvelle expérience auprès des services cartographiques de l’armée qui lui inspire la décomposition des objets par plans. Les tableaux La Table d’échec et Buste (1920), lequel est accompagné de trois études réalisées d’après le Buste de Baudelaire de Raymond Duchamp-Villon, en témoignent. Les œuvres des années 1920 comme Peintre à son chevalet (1924), Le Repos (1929), ou Ciel et terre (1930) montrent une préoccupation grandissante pour la couleur, avant de ponctuelles recherches géométriques en 1932 liées au groupe Abstraction-Création. Villon revient en 1934 à la figure. Les théories de Rood et leurs influences sur le travail de Seurat inspirent les touches pointées de La Brouette aux présents (1933). L’artiste abandonne rapidement cette manière, lui préférant les grands plans de couleurs vives dont il use désormais, comme dans Les Gémeaux (1936) et D’où l’on tourne l’épaule à la vie (1937). Durant l’exil imposé par la Seconde Guerre naît une curiosité pour le paysage qu’il construit en lignes horizontales et diagonales afin de créer profondeur et espace. Les années 1950 voient apparaître deux nouveaux thèmes récurrents dans la production tardive de l’artiste, l’aviation et le monde hippique. L’exposition s’achève avec Paysage à Dieppe (1960), brossé trois ans avant la mort du peintre.
28 avril-8 juillet, Galerie Schmit, 396, rue Saint-Honoré, 75001 Paris, tél. 01 42 60 36 36, du lundi au samedi 10h-12h30 14h-18h30. Catalogue à paraître, Galerie Schmit.
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Les vies de Jacques Villon
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°191 du 16 avril 2004, avec le titre suivant : Les vies de Jacques Villon