Les pièces d’argenterie dorée anglaise et d’argenterie européenne de la collection du comte de Rosebery ont flambé, le 11 février à Londres, lors de la vente organisée par Sotheby’s. Alliant une grande fraîcheur à une certaine magie résultant de leur appartenance aux Rothschild, la plupart d’entre elles ont doublé leurs estimations, le produit de la vente atteignant un total de 4,63 millions de livres sterling (44,72 millions de francs).
LONDRES. Les pièces de la collection d’argenterie rassemblée par le baron Meyer de Rothschild et sa fille Hannah, épouse du comte de Rosebery, avaient échappé à l’importante dispersion de Mentmore, en 1974. Les estimations basses fixées par Sotheby’s se sont souvent avérées en deçà des offres des marchands, qui dépassaient largement les prix de réserve. Les restaurations et dorures récentes, plus caractéristiques des collections du XIXe siècle, n’ont nullement dissuadé les acquéreurs. L’événement a mobilisé les principaux marchands de Londres, New York et des grandes capitales européennes qui ont emporté les pièces majeures, révélant ainsi combien le marché est encore dominé par les professionnels. S.J. Phillips, Jonathan et Nicholas Norton, armés de quatre téléphones portables, ont acquis au moins vingt des quatre-vingts lots d’argenterie. Ces bons résultats confirment le renforcement de ce marché – il a retrouvé son niveau de 1989 – et la forte demande pour les objets uniques de qualité.
Coupe à boire en forme de lion royal offerte par Guillaume III à l’Aussere Stand de Berne, Emmanuel Jenner, Berne, vers 1690, estimée 400-600 000 £, vendue 507 500 £ (4,9 millions de francs).
Cette coupe en argent doré de taille impressionnante a été commandée par Guillaume d’Orange à un artisan suisse et offerte à la Ville de Berne afin d’obtenir des mercenaires suisses qu’ils combattent les Français. D’aspect plutôt disgracieux, cette rare représentation héraldique du roi en Lion de Nassau s’est vendue un bon prix à un marchand suisse, sans doute en raison de son histoire.
Paire de grands chandeliers allemands en argent partiellement doré, Wolfgang Jun II, Augsbourg, 1680-1684, estimée 3-7 000 £, vendue 48 800 £ (471 500 francs).
La forme de ces chandeliers d’Augsbourg est extrêmement rare. L’excellente qualité de la ciselure et du travail de repoussé sur leur base ainsi que la dorure d’origine expliquent qu’ils aient très largement dépassé leur estimation. Ils ont été acquis par un marchand suisse.
Deux salières allemandes en argent partiellement doré, signés PX pour Peter an Ixem (II), Frankenthal, début du XVIIe siècle, estimées 10-20 000 £, vendues 76 300 £ (737 000 francs).
Avant la vente, l’authenticité de ces pièces était mise en doute, car il est très rare de rencontrer une paire de salières de cette époque. En outre, les ovales gravés semblaient avoir été estampillés dans le métal, méthode alors peu courante. Selon les experts de Sotheby’s, elles proviendraient d’un atelier spécialisé dans ce type de production, ce qui justifierait qu’il s’agisse d’une paire et l’utilisation de l’estampillage pour la fabrication en série.
Paire de pots à livrée en argent doré, Elizabeth I, monogramme de l’orfèvre TE, Londres, 1602, estimée 500-700 000 £, vendue 551 500 £ (5,32 millions de francs).
Les pots à livrée, qui étaient utilisés pour servir leur ration quotidienne de bière au personnel des maisons riches, sont très rares. Seules deux autres paires ont été vendues au cours de ce siècle. Outre celle-ci, une paire de pots provenant de l’église St Gregory, vendue en 1971, était encore en mains privées. Pour ces pièces d’argenterie anglaise ancienne, à la dorure d’origine, Sotheby’s avait fixé une estimation très élevée. Le marché les a évaluées de manière plus réaliste et Partridge Fine Art a pu les enlever sans beaucoup de résistance.
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Les marchands s’arrachent l’argenterie
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°78 du 5 mars 1999, avec le titre suivant : Les marchands s’arrachent l’argenterie