Comment le don de cette sculpture, dont l’authenticité a été reconnue par deux spécialistes du Louvre, a été refusé par le musée
Pourquoi les Pinault qui ne sont pas collectionneurs d’archéologie ont-ils acheté cette statue ? En 1997, la société des Amis du Louvre sollicite les Pinault, généreux mécènes, pour l’acquisition d’une statue d’une importante reine égyptienne du Moyen Empire, Khénémet-néfer-hedjet-ouret, épouse de Sésostris II et mère du pharaon Sésostris III. Un an plus tard, une nouvelle sculpture royale en pierre fait son apparition sur le marché parisien : le fils Sésostris III est mis aux enchères le 10 novembre 1998 à Drouot. Avant de l’acquérir, Maryvonne Pinault s’assure de son authenticité auprès d’Élisabeth Delange, conservateur en égyptologie au Louvre, spécialiste du Moyen Empire. Cette dernière lui donne son feu vert. Et les Pinault d’acheter la statue, pensant qu’elle finira dans les collections du musée, à côté de sa mère. Lorsque la controverse sur son authenticité survient avec des doutes émis par le professeur Dietrich Wildung, conservateur du Musée égyptien de Berlin, les Pinault cherchent à s’en débarrasser. Sur une suggestion des Pinault, Christiane Desroches-Noblecourt, ex-conservateur en chef du département des Antiquités égyptiennes du Louvre, et Élisabeth Delange sont désignées pour réaliser une expertise judiciaire de la statue. Les collectionneurs se croient tirés d’affaire. Ou le rapport d’expertise conclut à un faux et la vente est annulée, ou l’objet est bon et il gagne son ticket pour le Louvre. Mais c’était sans compter sur l’avis de Christiane Ziegler, conservateur général chargé du département des Antiquités égyptiennes du Musée du Louvre. Cette dernière refuse de voir entrer le Sésostris III au Louvre parce qu’elle n’y croit pas. Officiellement, l’institution ne pouvant réfuter un rapport rédigé par deux de ses spécialistes, prétend que cette pièce serait un doublon dans ses collections. Le couple Pinault se retrouve donc piégé avec une sculpture admise comme fausse par nombre d’égyptologues, réhabilitée par un rapport d’expertise inattaquable et refusée par le Louvre à qui il voulait l’offrir.
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Les dessous d’une affaire compliquée
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°292 du 28 novembre 2008, avec le titre suivant : Les dessous d’une affaire compliquée