PARIS
Ébénistes réputés, pedigrees prestigieux et provenances royales constituent la collection Al-Thani de l’hôtel Lambert rassemblant les plus belles pièces des arts décoratifs anciens.
Paris. C’est l’événement attendu de cet automne. Sotheby’s a remporté la vente de la collection constituée par le cheikh Hamad Ben Abdullah Al-Thani dans son ancien hôtel particulier situé sur l’île Saint-Louis, l’hôtel Lambert. Aujourd’hui, une partie de sa collection d’art ancien est exposée à l’hôtel de la Marine, place de la Concorde à Paris.
Pour disperser cet ensemble regorgeant de chefs-d’œuvre – soit près de 1 300 lots des XVIIe et XVIIIe siècles –, cinq ventes en salle et une vente en ligne seront nécessaires, du 11 au 17 octobre. L’estimation globale tourne autour de 100 millions d’euros.
Fleuron de l’architecture du XVIIe siècle de 4 000 m2, l’hôtel Lambert a été construit par Louis Le Vau vers 1640, pour Jean-Baptiste Lambert de Thorigny, conseiller et secrétaire du roi. L’intérieur a été somptueusement décoré par les peintres Charles Le Brun, qui y a réalisé la galerie d’Hercule, et Eustache Le Sueur. Propriété de fermiers généraux, puis de la famille Czartoryski et de ses descendants à partir de 1843, le fastueux bâtiment est acquis en 1975 par Guy et Marie-Hélène de Rothschild, avant de le céder à la famille Al-Thani en 2007, pour, dit-on, 60 millions d’euros.
En février dernier, la demeure a été achetée par l’homme d’affaires français Xavier Niel, fondateur du groupe de télécommunications Iliad (maison mère de l’opérateur Free), dont la fortune est estimée à un peu plus de 7 milliards d’euros selon Forbes. Il aurait déboursé près de 200 millions d’euros…
Depuis son rachat par le cheikh qatari, la demeure a fait l’objet d’une vaste campagne de restauration, notamment en raison de l’incendie de 2013 qui a ravagé de nombreuses pièces. Plusieurs salons restés sans décor ont été reconstitués tandis que du mobilier et des objets d’art sont venus garnir les pièces.
Parmi les meubles remarquables de la collection se trouvent une commode en marqueterie Boulle [voir ill.], d’époque Louis XIV, attribuée à Bernard 1er van Risen Burgh, provenant de l’ancienne collection de Jean-Baptiste de Machault d’Arnouville (estimation entre 1 et 1,5 M€) ou encore une paire de marquises royales en bois doré, d’époque Louis XVI vers 1784, par Jean-Baptiste II Tilliard, livrée pour Mesdames Adélaïde et Victoire au château de Bellevue (estimation entre 800 000 et 1,2 M€).
Concernant les arts décoratifs, signalons une paire de piédestaux en marqueterie, d’époque Louis XIV, par André-Charles Boulle, livrés pour le Grand Dauphin, fils du roi, en 1684 au château de Versailles (estimation entre 500 000 et 1 M€) ; une paire de grands vases en porphyre d’Égypte, Rome, vers 1680-1710, provenant de la collection du Chilien Arturo Lopez Willshaw, qui a, un temps, logé à l’hôtel Lambert (estimation entre 1 et 2 M€), mais aussi une soupière en argent, vers 1770, par Jacques-Nicolas Roettiers, issue du service d’argenterie de Catherine II de Russie (estimation entre 700 000 et 1 M€).
Une partie importante du produit de la vente sera reversée à The Al-Thani Collection Foundation, une organisation à but non lucratif qui s’attache à promouvoir l’art et la culture.
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Les chefs-d’œuvre de l’Hôtel Lambert aux enchères
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°596 du 7 octobre 2022, avec le titre suivant : Les chefs-d’œuvre de l’Hôtel Lambert aux enchères