Installé dans les jardins des Tuileries du 1er au 5 avril, le Pavillon des arts et du design garde son cap et gonfle sa section « beaux-arts ».
PARIS - Quand les temps sont durs pour les marchands, ils le sont par ricochet pour les foires. Comme la plupart des manifestations, le Pavillon des arts et du design a mis du temps à faire le plein. « La moitié des exposants se sont inscrits en octobre-novembre sans se poser de questions. Les derniers se sont décidés en février, confie Patrick Perrin, directeur du salon parisien. Les gens ne voient personne en galerie depuis des années, et le dernier endroit où ils en voient, c’est sur les salons. Les marchands habiles et sérieux y font jusqu’à 95 % de leur chiffre d’affaires. » Pour rallier les troupes, les organisateurs se sont montrés plus souples s’agissant des étalements de paiement. En baissant de 50 euros le tarif des stands au mètre carré, ils ont aussi consenti à un geste – qui reste symbolique tant le prix est encore très élevé.
Malgré cette flexibilité, un habitué comme Jousse Entreprise (Paris) fait faux bond. « Je ne travaille pas tellement au Pavillon. L’an dernier, je n’étais pas content du résultat, explique Philippe Jousse. J’ai fait cinq salons entre septembre et décembre et j’ai envie de me poser. Les temps ont changé. » Un sentiment que ne partage visiblement pas Natalie Seroussi (Paris). « Il faut aller au-devant des événements, surtout cette année. On doit créer le désir, qui a besoin d’être plus stimulé que d’habitude », affirme-t-elle, en prévoyant une dizaine d’aquarelles surréalistes de Wols. Pour son confrère Jacques Elbaz (Paris), de retour avec cinq grands formats de Jean-Baptiste Sécheret, « le regard de ceux qui savent regarder ne change pas, qu’il y ait crise ou non ».
Tendance « revival »
Le regard peut-être pas, mais le désir probablement. Aussi la galerie Félix Marcilhac (Paris) a-t-elle, pour son baptême, été prudente sur les prix. « Il faut apporter une marchandise dans une gamme de prix allant de 40 000 à 50 000 euros, sinon cela ne se vendra pas », observe Félix Marcilhac junior. Celui-ci met l’accent sur le parchemin, avec un focus sur des meubles d’André Arbus. Nouvelle arrivante, En attendant les barbares (Paris) donnera, elle, un avant-goût de sa future exposition en galerie des boîtes d’Andrée Putman. La Galerie Chevalier (Paris) participe aussi pour la première fois et apporte les tapisseries contemporaines de Pierre Daquin. À l’affiche : quatre des cinq tapisseries que le peintre avait réalisées en 1969 sur le thème des « Cinq sens ». Pierre Passebon (Paris) revient pour sa part avec des pièces de Mattia Bonetti, créateur présent aussi à la Galerie Italienne (Paris) et chez Cat-Berro (Paris).
Très inégale voire faible lors des précédentes éditions, la section « Beaux-arts » pourrait reprendre du poil de la bête grâce à Natalie Seroussi et Jacques Elbaz. L’humeur générale sera au revival. Le Minotaure (Paris) met l’accent sur Vladimir Yankilevsky, figure de proue des « non-conformistes » russes, tandis que Françoise Livinec (Paris) montre un fonds inédit de vingt œuvres teintées d’érotisme et de mysticisme par Marie Vassilieff. « Boosté » par son record de 1,1 million d’euros chez Sotheby’s en 2008, Georges Mathieu prend ses aises sur le stand de la jeune Hélène Bailly (Paris). On l’aura compris, les vieux de la vieille contre-attaquent au Pavillon !
Les stratégies des organisateurs de foire sont parfois impénétrables. La foire Design Miami à Bâle a décidé d’intégrer en juin prochain le mobilier des XVIIIe et XIXe siècles. Le salon a ainsi recruté les antiquaires Philippe Perrin (Paris) et Mallett (Londres). « Nous avons senti que le moment était opportun pour apporter une plus grande représentation de l’histoire du design et faire un “statement”? sur la manière de créer une collection dynamique et éclectique avec des choses de différentes périodes. La tension entre une pièce contemporaine et une pièce du XVIIIe siècle rend le design plus vivant et excitant », défend Ambra Medda, directrice du salon. Est-ce à dire que la foire peine à remplir ses stands ? A-t-elle besoin de l’ancien pour redorer une légitimité entachée par ses deux dernières éditions ? Compte-t-elle se transformer en salon du meuble ou en foire d’antiquaires ? À suivre…
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L’effet Pavillon
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Abonnez-vous dès 1 €PAVILLON DES ARTS ET DU DESIGN
Mercredi 1 avril au Dimanche 5 avril 2009
Tous les jours de 11h00 à 20h00
Jeudi 2 et Vendredi 3 avril jusqu’à 22h00
Tuileries – Paris 1er
Esplanade des Feuillants
234, rue de Rivoli
face rue Castiglione
Organisation : Société d’organisation culturelle (SOC)
Nombre d’exposants : 80
Tarif des stands : 500 euros le mètre carré
Nombre de visiteurs en 2008 : 40 000
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°299 du 20 mars 2009, avec le titre suivant : L’effet Pavillon