PARIS
Par son ampleur, la manifestation offre un bon résumé des diverses catégories d’œuvres qui composent actuellement le marché de la photographie.
Paris. La diversité de la photographie est aussi étendue que le réel qu’elle enregistre, et les photographes cherchent à se distinguer par leur originalité. Si tout exercice de catégorisation devient dès lors périlleux, on peut toutefois distinguer quatre ensembles largement représentés au Grand Palais.
La plupart des grands noms de l’histoire de la photographie sont présents. À la une cette année, les « Solo Shows » d’August Sander (Hauser & Wirth) et de Man Ray (Gagosian, Paris). Comme d’habitude, la galerie Gilles Peyroulet & Cie (Paris) dévoile une petite vingtaine de raretés de grands noms de l’Entre-deux-guerres (Roger Parry, Jean Dréville, Florence Henri…) mais aussi du XIXe siècle avec deux papiers salés de paysage, dont l’un d’Eugène Cuvelier. Kicken (Berlin) réserve de très beaux tirages de László Moholy-Nagy et Otto Steinert. Chez Françoise Paviot (Paris), la vue du sud-est de Notre-Dame-de-Paris en 1853 sans la flèche de Charles Nègre ne passe pas inaperçue, ni celle de la façade nord à la même époque exposée chez Hans P. Kraus (New York).
Beaucoup de photographes la pratiquent, souvent avec talent, mais peu sont représentés par des galeries. La vision qu’en donne Paris Photo est donc parcellaire. Si Hamiltons Gallery (Londres) réserve une belle place à Don McCullin et Howard Greenberg (New York) à Alex Majoli, les galeries françaises se distinguent par leurs propositions en grand nombre sur le sujet. Yan Morvan (Sit Down, Paris) revient sur les rébellions des Blousons noirs en France [voir ill.], des punks anglais, des indépendantistes irlandais et sur la guerre au Liban. La série Notre-Dame-des-Landes de Bruno Serralongue (Air de Paris) s’accompagne d’images inédites de son travail en cours sur la résistance des nations amérindiennes à la construction du pipe-line relancée aux États-Unis par Donald Trump. Nicola Lo Calzo (Dominique Fiat, Paris) dévoile son enquête au long cours sur la mémoire, tandis que Laura Henno (Les filles du calvaire, Paris) révèle le quotidien de Slab City, campement de gens marginalisés dans le désert californien.
Les beautés de la nature ou les menaces sur l’environnement sont l’une des grandes dominantes de cette édition. Gitterman (New York) s’associe avec Von Lintel Gallery (Los Angeles) pour réunir les « Matériographies » de Jean-Pierre Sudre et les photogrammes de Klea McKenna, révélateurs des beautés abstraites de la nature. Les paysages sous-marins de Nicolas Floc’h mis en regard avec les forêts du bassin du Congo d’Éric Guglielmi (Galerie Maubert, Paris) résonnent d’une belle poétique. Terri Loewenthal et Meghann Riepenhoff (Jackson Fine Art, Atlanta) réinterprètent les paysages américains de Walker Evans par le biais d’un processus photographique qui leur est propre. Les falaises et formations rocheuses de Jem Southam (Huxley-Parlour, Londres) capturées à différents moments d’une journée convoquent de leur côté l’échelle des temps géologiques. Enfin, d’autres approches sont porteuses d’un constat implacable ou d’une menace sourde : les grands formats d’Edward Burtynsky (Nicholas Metivier Gallery, Toronto) sur l’exploitation des richesses naturelles ; les photographies sur les bouleversements environnementaux de Philippe Chancel (Mélanie Rio Fluency, Nantes) ; ou encore les photogrammes du Péruvien Roberto Huarcaya (Rolf Art, Buenos Aires) sur l’écosystème de la forêt amazonienne.
L’intérêt de toute une génération d’artistes plus ou moins jeunes pour les techniques anciennes aboutit à des réappropriations flirtant avec l’abstraction, et souvent à des pièces uniques. Chez Galerie binôme (Paris), les créations de Mustapha Azeroual, Baptiste Rabichon, Laurent Millet et Marie Clerel et la virtualisation des cités détruites en Syrie de Thibault Brunet à partir de différentes sources d’images prélevées sur Internet délivrent de nouvelles formes ou représentations. Chez Kuckei+Kuckei (Berlin), les constellations de perspectives d’une même situation de Barbara Probst se juxtaposent aux manipulations par Lily Lulay d’images prises à partir de smartphone. L’usage de l’archive photographique par l’artiste Darío Villalba (Luis Adelantado, Mexico) introduit à des pièces sculpturales tandis que l’appropriation de la diapositive chez Sebastian Riemer et Morgaine Schäfer (Galerie Dix9, Paris) fictionnarise leur contenu.
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Le portfolio de Paris Photo
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°532 du 1 novembre 2019, avec le titre suivant : Le portfolio de Paris Photo