Comment le même coffre a-t-il pu être adjugé 105 000 livres sterling en décembre dernier à Londres, contre 12 000 livres trois ans auparavant ? Il a été miraculeusement transformé : de précieux placages de lapis-lazuli ont été rajoutés, ainsi que deux chérubins en argent, porteurs du blason des Barberini.
LONDRES - Le 7 décembre 1995, lors d’une vente de sculpture européenne et d’objets d’art, Sotheby’s adjuge un coffre romain des années 1730, en lapis-lazuli, avec une monture en bronze doré et en argent, pour 105 000 livres sterling (840 000 francs) alors qu’il est estimé entre 80 000 et 120 000 livres.
Le prix paraît justifié compte tenu de l’importance de l’objet, qui porte les armes des Barberini. La notice du catalogue souligne une influence directe du Bernin et de son atelier dans l’élaboration des montures de bronze, qui rappellent, dans la forme, le baldaquin situé à Saint-Pierre-de-Rome, au-dessus de la chaire de Pierre, l’autel monumental conçu par Le Bernin pour protéger la relique de la chaire du saint.
Le 4 juin 1992, au cours d’une vente de meubles, tapisseries et objets d’art, Christie’s vend – 12 000 livres seulement – un coffre italien, milieu XVIIIe siècle, en bois tendu de soie, avec montures en bronze doré, estimé de 12 000 à 18 000 livres. Là encore, la notice du catalogue fait référence à la chaire de Pierre mais, selon l’expert, le langage décoratif révèle un curieux mélange entre Le Bernin et Borromini, ce qui le conduit à proposer le nom de Juste-Aurèle Meissonier, architecte turinois nommé orfèvre d’argent à la cour de Louis XIV en 1724 (alors que le Roi-Soleil est mort en 1715).
Le 20 septembre 1992, chez Semenzato à Venise, une autre vente a lieu, au cours de laquelle un coffre en bois, Rome, période Louis XIV, estimé de 25 à 30 millions de lires, reste invendu.
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Le miracle des chérubins
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°21 du 1 janvier 1996, avec le titre suivant : Le miracle des chérubins