Antiquaire

L’art égyptien continue de séduire les collectionneurs

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 2 septembre 2024 - 873 mots

Ce marché de niche reste un marché de passionnés, avec des prix toujours en hausse pour les beaux objets, dès lors que de très anciennes provenances sont prouvées.

L’Égypte ancienne fascine toujours autant. Il n’y a qu’à voir le succès remporté par l’exposition Ramsès II en 2023 à Paris, qui avait rassemblé 800 000 visiteurs ou celle de Toutânkhamon en 2019, qui en avait accueilli 1,4 million. Les différents scandales sur des provenances douteuses de ces dernières années, dont celui du Louvre d’Abou Dhabi, ont bien sûr ébranlé le marché. Mais après un temps de sidération, les affaires ont repris tranquillement du côté des ventes aux enchères – les vacations de juillet à Londres se sont bien passées –, tandis que le salon consacré aux cultures antiques, Opus Ancient Arts, s’apprête à lancer sa 3e édition à Paris (18 au 22 septembre 2024), un signal positif envoyé au marché. Plusieurs marchands y montrent des pièces égyptiennes de qualité. Cependant, ces scandales ont bouleversé la manière de travailler des marchands et experts. « Le travail d’investigation sur les provenances est devenu prépondérant, répondant à la demande de la justice, des pays originaires et, plus largement, de la société », témoigne l’antiquaire Laura Bosc de Ganay (Arteas Ltd, Londres). L’Égypte antique se forme vers 3150 avant J.-C., et se développe pendant 3 000 ans sous la forme d’un empire. Il prend fin en 31 avant J.-C., les Romains ayant conquis ce pays d’Afrique du Nord. Pendant ce laps de temps, plusieurs périodes se succèdent dans les arts, permettant ainsi de dater certaines pièces, chaque dynastie ayant un style caractéristique. Sous l’Ancien Empire (2700-2200 av. J.-C.) – époque des grandes pyramides et du Scribe accroupi de Saqqarah (conservé au Louvre) –, l’art égyptien est à son apogée. Au Moyen Empire (2033-1710 av. J.-C.), la statuaire, qui n’est plus exclusivement funéraire se développe, tandis qu’au Nouvel Empire (1550-1069 av. J.-C.), l’art égyptien s’inspire de l’art amarnien et atteint un niveau de réalisme inégalé jusque-là. Cette période est particulièrement appréciée des collectionneurs qui recherchent avant tout des objets de grande qualité, que ce soit de la statuaire, de belles faïences ou des objets en bois. Les pièces emblématiques telles que les effigies de pharaons, de hauts dignitaires, les dieux égyptiens, les oushebtis (serviteurs funéraires) ou encore les vases canopes (contenant les viscères embaumés du défunt) restent très prisés. « Ce marché a une image faussée, car même si certaines pièces sont très chères [un record a été atteint en 2014 à 19 M€ chez Christie’s pour une statue datant de 2400-2300 av. J.-C.], on peut toutefois s’en offrir à des prix très abordables », souligne Laura Bosc de Ganay.

Autour de 60 000 €

1. Statue  - Ces statues ont été réalisées principalement au cours du Moyen Empire. Elles avaient pour fonction de représenter l’homme idéalisé au cours de sa vie, bronzé et en pleine forme. Elles étaient placées dans la tombe, parfois à proximité de la momie, pour servir de corps de substitution à l’esprit – le Ka – qui pouvait résider à l’intérieur de la statue, surtout si la momie venait à être endommagée. Cette statue n’est pas inconnue du grand public puisqu’elle a notamment été prêtée au Metropolitan Museum de New York de 1992 à mars 2024, après son séjour au Brooklyn Museum de 1979 à 1992.

 

Hixenbaugh Ancient Art Ltd,

New York.

38 000 € 

2. Bronze  - Si le panthéon égyptien compte un grand nombre de dieux faucons, Horus (représenté sous la forme d’oiseau ou d’un homme à tête de faucon) occupe toutefois la première place – il est d’ailleurs l’une des plus anciennes divinités égyptiennes. Même s’il est issu d’une période plus tardive – ici d’époque Ptolémaïque –, ce bronze n’en est pas moins de très belle facture. Il est paré d’un large collier et, en tant qu’héritier de la royauté divine d’Égypte, il porte la double couronne de Haute et Basse Égypte surmontée de l’uræus royal. Ses yeux sont incrustés d’or ou d’électrum.

 

Galerie Cybèle,

Paris.

Autour de 30 000 € 

3. Sarcophage  - Cette partie haute de couvercle de sarcophage – dans lequel était placée la momie – est sculptée d’un visage coiffé de la perruque tripartite. Peu de hauts de sarcophages sont disponibles sur le marché actuellement, surtout de cette finesse, avec des yeux en amande. Sous la 26e dynastie, tous les canons esthétiques des meilleures époques sont repris, une sorte de mélange de l’Ancien, du Moyen et du Nouvel Empire.Ce haut de sarcophage provient d’une ancienne collection française. Il avait été acquis chez Jean-Louis Domercq (galerie Sycomore) à Paris entre 1960 et 1986.

 

Arteas Ltd,

Londres.

Adjugé 14 590 € 

4. Oushebti  - Collecté vers 1842, à Saqqarah, probablement par l’explorateur Louis de Saint-Ferriol (1814-1877) – qui a ramené une quinzaine de caisses de ses fouilles archéologiques et créé un musée dans son château d’Uriage –, cet oushebti de grande taille est reconnaissable à sa couleur bleu ciel. Celle-ci est caractéristique des pièces provenant de la tombe de Psamtek, aujourd’hui dispersées entre les collectionneurs et les musées du monde entier, comme le Louvre ou le Victoria & Albert Museum de Londres, mais aussi dans celui de Grenoble, qui conserve aussi le sarcophage de ce haut personnage.

 

Vendu chez Aguttes,

30 juin 2022.

Opus Art Fair – Ancient Arts

Du 18 au 22 septembre 2024
ESPACE COMMINES
17, rue Commines
Paris 75003
www.opusartfair.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°778 du 1 septembre 2024, avec le titre suivant : L’art égyptien continue de séduire les collectionneurs

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