Les dernières ventes d’art d’après-guerre et contemporain outre-Manche ont attiré les collectionneurs du monde entier.
LONDRES - Les 15 et 16 février au soir à Londres, Sotheby’s et Christie’s ont obtenu d’excellents résultats en art d’après-guerre et contemporain, avec plus de 90 % des lots vendus pour un total excédant les 105 millions de livres sterling (125 millions d’euros), chaque auctioneer ayant dépassé son estimation haute. Chez Sotheby’s, on a compté plus de 200 enchérisseurs au téléphone et dans la salle. Des acheteurs de 12 nationalités différentes ont emporté 54 œuvres pour 44,3 millions de livres sterling (52,6 millions d’euros). Avec 61,3 millions de livres sterling (73 millions d’euros) de recette, Christie’s a retrouvé son niveau londonien d’avant la crise de 2008. Les téléphones ont été pris d’assaut par 160 clients dont beaucoup de nouveaux collectionneurs. 58 lots ont été répartis entre des acheteurs de 21 pays différents. « Nous n’avions pas vu autant d’énergie depuis 2008, rapporte Alexandre Carel, qui dirige le département parisien de Christie’s. La conjoncture s’est améliorée et l’abondance des liquidités pousse les nouvelles fortunes du monde entier à convertir leur capital financier en capital social. Il est aujourd’hui extrêmement difficile de constituer une collection ambitieuse en art ancien ou moderne, du fait de la raréfaction des œuvres majeures dans ces deux domaines. L’art d’après-guerre et contemporain est la seule alternative. » « C’est bien le seul domaine de collection où nous sommes capables de sortir des œuvres magistrales à chaque vente », accorde Grégoire Billault, directeur du département de Sotheby’s France.
Pour satisfaire cette nouvelle clientèle internationale très active, les auctioneers donnent à leurs ventes londoniennes une orientation de moins en moins anglo-européenne, optant pour un brassage d’artistes occidentaux et non-occidentaux. Christie’s présentait ainsi pour la première fois une peinture d’Ahmed Alsoudani, artiste d’origine irakienne qui va représenter son pays à la Biennale de Venise cette année. Le tableau de 2008, illustrant une scène de guerre, a été adjugé 217 250 livres sterling (259 000 euros). Chez Sotheby’s, la vente s’est ouverte sur l’installation Kui Hua Zi (Sunflowers Seeds) conçue en 2010 par Ai Weiwei en contrepoint d’Untitled (Portrait of Marcel Brient) de Felix Gonzalez-Torres, installation réalisée en 1992 à partir de 90 kg de bonbons et vendue 4,5 millions de dollars, le 8 novembre 2010 à New York chez Phillips de Pury & Company. La pile de 100 kg de graines de tournesol en porcelaine réalisée par l’artiste chinois s’est envolée à 349 250 livres sterling (416 000 euros), contre une estimation haute de 120 000 livres sterling.
Valeurs sûres en tête
Du côté des valeurs sûres, Christie’s a décroché la plus haute enchère de la saison avec un Autoportrait (1967) d’Andy Warhol, récemment redécouvert et emporté au double de son estimation haute pour 10,8 millions de livres sterling (12,9 millions d’euros) par Larry Gagosian. Mais la vraie surprise est venue de L’Année dernière à Capri (titre exotique) par Martial Raysse. Le tableau réalisé en 1962 a été acheté par le marchand américain Chris Eykyn pour le prix record de 4 millions de livres sterling (4,8 millions d’euros), deux fois et demi l’estimation haute. Proposé pour la première fois aux enchères après avoir été conservé dans la même collection depuis les années 1970, ce chef-d’œuvre du pop art européen place son auteur sur la première marche des artistes français vivants les mieux vendus aux enchères, devant Pierre Soulages avec Peinture, 21 juillet 1958, partie à 1,5 million d’euros le 10 décembre 2008 à Paris chez Sotheby’s.
La vente de Sotheby’s a culminé avec un tableau Abstraktes Bild (1990) par Gerhard Richter. La toile d’un format monumental (225 x 200 cm) est partie à 7,2 millions de livres sterling (8,5 millions d’euros), légèrement au-dessus de son estimation haute et à l’un des meilleurs prix aux enchères pour l’artiste. Notons aussi le prix soutenu atteint par Conversation Piece (1993), grand groupe en bronze de l’Espagnol Juan Muñoz : la pièce unique fondue en deux parties s’est envolée à 3 millions de livres sterling (3,6 millions d’euros), soit cinq fois son estimation basse.
Estimation : 30 à 43 millions de livres sterling
Résultats : 44,3 millions de livres sterling (52,6 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 54/5
Pourcentage de lots vendus : 91,5 %
Pourcentage en valeur : 95,5 %
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L’art contemporain plébiscité
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Abonnez-vous dès 1 €Estimation : 35 à 51 millions de livres sterling
Résultats : 61,3 millions de livres sterling (73 millions d’euros)
Nombre de lots vendus/invendus : 58/5
Pourcentage de lots vendus : 92 %
Pourcentage en valeur : 98 %
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°342 du 4 mars 2011, avec le titre suivant : L’art contemporain plébiscité