New York

« L’art contemporain est le nouvel impressionnisme »

Par Roger Bevan · Le Journal des Arts

Le 10 juin 2005 - 332 mots

Christie’s a obtenu le 11 mai 133 millions de dollars, un résultat proche de celui de ses ventes d’art moderne.

NEW YORK - Christie’s et Sotheby’s ont à nouveau démontré avec brio, lors de deux soirées consécutives, le mardi 10 et le mercredi 11 mai à New York, la capacité des ventes publiques à animer le marché. Les deux grandes maisons de ventes ont proposé des catalogues importants, générant un résultat global d’un peu plus de 200 millions de dollars (près de 160 millions d’euros), dont les deux tiers pour Christie’s. Dans la compétition serrée que se livrent ces maisons, ce bilan, qui correspond exactement aux résultats enregistrés la semaine précédente pour les ventes d’art moderne et impressionniste, marque un avantage significatif pour Christie’s, propriété de François Pinault.
De nouveaux records en vente publique ont été relevés dans toutes les catégories d’art contemporain. Franz Kline ; Philip Guston, Roy Lichtenstein et Chuck Close ; Yayoi Kusama ; Andreas Gursky et Thomas Demand ou encore les nouvelles vedettes de la peinture actuelle ont contribué à renforcer l’image d’un marché toujours en expansion. Seul Maurizio Cattelan, artiste cher au marché étroit, a déçu les attentes, aucune de ses deux œuvres majeures présentées par Christie’s, Frank and Jamie et Autruche, n’ayant attiré d’enchères.

Sotheby’s - New York, 10 mai 2005 - Auctioneer : Tobias Meyer - Total : 68 036 800 dollars (52 984 036 euros) - 82,2 % en lots - 88,9 % en valeur - 60 lots vendus, 13 ravalés Christie’s - New York, 11 mai 2005 - Auctioneer : Christopher Burge - Total : 133 707 200 dollars (103 890 598 euros) - 86 % en lots - 91 % en valeur - 65 lots vendus, 11 ravalés Phillips, de Pury & Company - New York, 12 mai 2005 - Auctioneer : Simon de Pury - Total : 23 664 000 dollars (18 483 168 euros) - 89,7 % en lots - 94,94 % en valeur - 61 lots vendus, 7 ravalés

SOTHEBY’S À s’en tenir aux chiffres, la performance de Sotheby’s peut sembler satisfaisante, avec 10 nouveaux records d’enchères, notamment pour Andreas Gursky, Tom Friedman, Marisol Escobar, Robert Gober et Kara Walker, mais ce fut une soirée difficile pour l’auctioneer Tobias Meyer : l’une des deux sculptures de Gober mises en vente par la Logan Collection et bénéficiant d’une garantie de la maison n’a suscité aucune enchère ; deux peintures contestées de Jean Dubuffet n’ont provoqué qu’indifférence, et les autres lots ont été adjugés autour des estimations proposées. Christie’s La soirée du 11 mai restera inscrite dans les annales de l’auctioneer Christopher Burge et de son département d’art contemporain. Son résultat global de 133,7 millions de dollars a surpassé tous les repères existants pour ce type de vente et a approché de près le résultat obtenu par la même maison à l’issue de sa vente d’art moderne et impressionniste de la semaine précédente. Ces résultats récompensent des investissements en expertise au moment où le propriétaire de Christie’s, François Pinault, chercherait, dit-on, à céder la maison de ventes. Avec des forces vives récemment renforcées par l’embauche de l’ancienne directrice de Sotheby’s, Laura Paulson, et de l’ancienne directrice de C&M Arts, Jennifer Vorbach, la soirée a établi 16 nouveaux records d’enchères, entre autres pour Philip Guston, Franz Kline, James Rosenquist et Thomas Demand. Phillips, de Pury & Co Cette maison de ventes qui se fait doucement sa place a clôturé les ventes new-yorkaises d’art contemporain par un final éclatant. À la fin de la soirée, la maison avait recueilli 23,7 millions de dollars, un montant proche du sommet de ses estimations (17,5 -24,9 millions). Le président et auctioneer de Phillips, Simon de Pury, dont la manière frénétique d’animer les enchères a créé une atmosphère d’urgence et de suspense, a enregistré 12 records d’enchères, notamment pour Kai Althoff, Chris Ofili, Yoshitomo Nara, Martin Kippenberger, Richard Prince et Rosemarie Trockel. « L’art contemporain est le nouvel impressionnisme », déclarait le marchand Robert Pincus Witten, de C&M Arts, au milieu de la salle survoltée. La vacation du soir, venant dans la foulée des ventes Sotheby’s et Christie’s, était la plus branchée de la semaine. Le public était jeune, et les enchères de marchands soutenues, David Zwirner, Jeffrey Deitch et Larry Gagosian faisant beaucoup travailler leurs raquettes. Les résultats de la vacation du lendemain, qui a recueilli 11,5 millions de dollars, à peine moins que les 11,9 millions attendus, suggèrent que le marché est vigoureux à tous les niveaux de prix. Le lot vedette, une peinture de Christopher Wool datant de 1983, Untitled, a rapporté plus du double des 120 000 dollars de l’estimation haute.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°217 du 10 juin 2005, avec le titre suivant : « L’art contemporain est le nouvel impressionnisme »

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque