Ventes aux enchères

La photographie d’Égypte en record à Drouot

Par Valentine Buvat · Le Journal des Arts

Le 8 février 2002 - 733 mots

L’ensemble de photographies anciennes dispersé le 25 janvier par Me Beaussant a reçu l’accueil favorable d’un public d’amateurs, de collectionneurs et de marchands étrangers. Constituée en grande partie de vues d’Égypte, la vente a avoisiné un total de 229 000 euros pour 90 lots, établissant des prix records pour des œuvres de Francis Frith.

PARIS - Les cinquante premiers lots proposés lors de la vacation formaient un ensemble homogène, issu d’une collection constituée en Égypte pendant la première moitié du XIXe siècle. La plupart des images dataient de la période 1850-1880 durant laquelle plusieurs artistes quittèrent l’Europe pour des “explorations photographiques”, ramenant des images de leurs voyages et des débuts des chantiers archéologiques. Ces photographies d’Orient obtinrent dans l’ensemble un grand succès commercial : elles étaient le plus souvent diffusées au sein d’ouvrages consacrés aux voyages, comme le célèbre Égypte, Nubie, Palestine et Syrie, dessins photographiques de Maxime Du Camp en 1852. Ancêtres des reportages, ces albums permettaient à chacun de découvrir le monde depuis son salon, et ont pris une place importante dans l’imaginaire collectif.
Un remarquable ensemble de 20 tirages, dits “mammouth” en raison de leur taille importante, œuvres de Francis Frith, ouvrait la vacation. Frith (1822-1898) est l’un des photographes les plus connus à avoir travaillé au Proche-Orient, dont il a ramené des images qui ont fait sa célébrité et sa fortune. Les photographies proposées étaient dans un état de conservation remarquable, et dataient de son premier voyage en Égypte, entre 1856 et 1858. Des cinq vues du Caire qui ouvraient la vente, trois seulement ont été achetées, à des sommes proches des estimations avancées, entre 2 500 et 3 500 euros. En revanche, plusieurs représentations des pyramides ont rencontré un succès important. Le prix le plus élevé a été établi par une vue depuis le sud-ouest du site de Giza [Gizeh], un tirage albuminé d’après négatif verre au collodion, signé et daté de 1858, estimé 12-15 000 euros et qui a atteint la somme record pour l’artiste de 23 000 euros. La Vue des pyramides de Dashoor depuis l’est, estimée entre 4 500 et 6 100 euros, s’est vendue 10 500 euros, La Seconde Pyramide de Giza, 4 000 euros pour une estimation de 2-3 000 euros et La Grande Pyramide et le Grand Sphinx a été acquise 8 500 euros. Les acheteurs ont également montré beaucoup d’intérêt pour les vues archéologiques de Thèbes. Les enchères pour La Première Vue du Ramaseum d’El-Kurneh, estimée 12-15 000 euros, ont atteint 18 000 euros, établissant un autre record.
Les sept photographies de Maxime Du Camp et de Félix Teynard qui étaient proposées n’ont pas rencontré le même succès. Selon Pierre Marc Richard, expert de la vente, le peu d’enthousiasme ressenti pour les œuvres de Du Camp est dû à la mauvaise qualité de conservation des pièces, tandis que dans le cas de Teynard, la difficulté était d’ordre iconographique, puisque les images étaient consacrées à des paysages désertiques. Si ce genre n’est pas le plus recherché, deux des quatre tirages ont tout de même attisé l’intérêt et ont été vendus 3 800 euros chacun, sommes proches des estimations basses.
Un ensemble de 26 calotypes d’Henry Cammas consacrés à l’Égypte était également présenté. Si ces pièces sont assez rares sur le marché, leur mauvais état de conservation explique le relatif échec qu’elles ont rencontré : la plupart ont cependant trouvé acquéreur, même si leurs prix n’ont pas atteint les estimations basses, comme cet ensemble de neuf photographies estimé entre 920 et 1 220 euros et adjugé 300 euros.
La seconde partie de la vacation proposait plusieurs images rassemblées sous le thème du voyage, plus hétéroclites et moins ambitieuses, avant de se conclure par la vente de huit photographies de Gustave Le Gray. Deux images consacrées à des vues de voiliers dans le port de Sète ont été adjugées 7 700 et 7 800 euros, chacune pour des tirages de 1857, numérotés avant massicotage, dépassant de quelques centaines d’euros leurs estimations hautes. Quatre vues de bâtiments parisiens achevaient la vente, toutes vendues pour des sommes légèrement supérieures aux estimations : 2 800 euros pour une vue du pavillon de Sully ou encore 4 800 euros pour une autre montrant les Invalides. Des sommes raisonnables pour les travaux d’un photographe dont la cote est aussi instable, mais qui s’expliquent par le fait que les tirages étaient légèrement insolés et ne présentaient pas de blancs purs.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°142 du 8 février 2002, avec le titre suivant : La photographie d’Égypte en record à Drouot

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