PARIS - Puissante et émouvante, l’œuvre d’Ernest Pignon-Ernest ne cesse de placer l’être humain en son cœur.
Sismographe d’injustices, qu’il s’agisse de l’apartheid ou des sans domicile fixe, de la Commune de Paris ou de la guerre d’Algérie, l’artiste est de toutes les causes. Ses travaux les plus connus sont des sérigraphies qu’il placarde lui-même sur les murs, souvent à la limite de la légalité. Leur succès se vérifie par la rapidité avec laquelle ces images, décollées, disparaissent pour finir chez les particuliers. La particularité de l’exposition de la Galerie Lelong vient de la provenance des dessins et photographies accrochés ici : ils ont été réalisés à l’invitation de la prison Saint-Paul à Lyon avant sa fermeture définitive. Recouvrant les murs de la galerie, ces représentations rappellent un fait peu connu du grand public. C’est dans cette prison que de nombreux Résistants, parmi lesquels Jean Moulin et Raymond Aubrac, furent incarcérés et torturés sous la férule du sinistre Klaus Barbie.
Cependant, il ne s’agit pas de reconstituer l’horreur mais de tenter de « réinscrire par l’image le souvenir singulier » de ces hommes et femmes. Les portraits des victimes, connues et inconnues, d’une dignité retenue, ne laissent aucun spectateur indifférent.
Avec les quatre immenses dessins de corps flottant, au fond de la salle, on quitte l’histoire pour le mythe. Ces cadavres exquis d’une beauté plastique époustouflante, ces « saints suaires » qui semblent remonter à la surface, sont une autre façon de parler des traces indélébiles qui fixent la mémoire. Laïque, toutefois.
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La mémoire gravée
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Abonnez-vous dès 1 €Galerie Lelong, 13, rue de Téhéran, tél. 01 45 63 13 19, 75008 Paris. Jusqu’au 29 mars.
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°407 du 14 février 2014, avec le titre suivant : La mémoire gravée