Dix artistes répondent à leur façon à la thématique du « réenchantement ». Installations, peintures et photos sont à découvrir à Pantin.
Pantin. En ce moment, il n’y a pas d’œuvres monumentales d’Anselm Kiefer ou de Georg Baselitz dans le vaste espace pantinois de la galerie Thaddaeus Ropac, mais une exposition collective rassemblant dix artistes autour du « ré-enchantement » du monde. Oona Doyle, commissaire et responsable des publications de la galerie, invite à comprendre ce concept, indéniablement dans l’air du temps, « au sens magique, mais aussi au sens politique et écologique », en référence notamment à la pensée de l’universitaire Silvia Federici. Le projet de l’exposition est parti du travail de la peintre américaine Ariana Papademetropoulos, repérée par Thaddaeus Ropac. Après avoir imaginé d’explorer les thèmes de la magie ou de l’ésotérisme, elle s’est arrêtée sur la notion de « réenchantement », qui apporte à la fois une profondeur socio-historique et une consonance plus politique.
Les artistes réunis dans cette exposition sont pour la plupart des femmes (sauf Manuel Mathieu) nées dans les années 1980 – sauf Wanda Mihuleac, née en 1946, et Teresa Pagowska (1927-2007). Elles viennent de divers endroits du globe (Afrique du Sud, Chine, Autriche, Haïti…).
Les travaux – peinture, photographie, installation – sont inégaux, mais de beaux échos se créent parfois, révélant des préoccupations communes et des affinités plastiques par-delà les frontières. Si les scènes surréalistes à l’esthétique kitsch et aux couleurs criardes peintes par Ariana Papademetropoulos semblent n’être qu’un produit commercial à la mode, d’autres œuvres sont plus convaincantes, comme la grande installation minérale de Bianca Bondi, ou les photographies d’Angelika Loderer sur lesquelles se développent du mycélium [voir ill.], des pièces créées pour l’exposition et en constante mutation.
La plupart des artistes ne sont pas représentés par des galeries, ou du moins pas en France ; certains ont déjà des collectionneurs à l’étranger (Manuel Mathieu ou Ariana Papademetropoulos) tandis que Teresa Pagowska est plutôt présente sur le second marché, surtout en Pologne. Si la fourchette de prix est très large (de 2 000 à 100 000 €), ces œuvres, beaucoup plus abordables que celles habituellement vendues par la galerie, permettent de toucher de nouveaux collectionneurs.
Avec une exposition comme « Ré-enchantement », la galerie affirme également un désir d’expérimentation et d’ouverture à un autre public, répondant à une volonté, voire une « nécessité de diversifier la programmation », selon les propos d’Oona Doyle, afin d’être plus proche des questionnements contemporains.
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La Galerie Ropac veut réenchanter le monde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°629 du 15 mars 2024, avec le titre suivant : La Galerie Ropac veut réenchanter le monde