À la galerie Lansberg, les Soulages d’avant les Outrenoir

Paris. Malgré la notoriété des tableaux de la période Outrenoir, les œuvres de Soulages (1919-2022) des années 1950 sont davantage convoitées par les collectionneurs. Démonstration est apportée avec l’exposition en cours à la galerie Lansberg qui rassemble une dizaine de tableaux des années 1950 dont certains sont affichés à 9 millions d’euros comme « le grand bleu » (intitulé Peinture, 110 x 160 cm, octobre 1956 »). La plupart sont de grande taille, une rareté dans la production de Soulages dans ces années-là. « Soulages a réalisé environ 360 tableaux dans les années 1950 dont 80 qui font plus de 160 cm », explique le galeriste.

Les collectionneurs apprécient les œuvres de cette période en raison de leur diversité et de la force de leur composition. Elles combinent la simplicité des idéogrammes chinois à la puissance de formes massives et rudes évoquant les Causses de l’enfance de l’artiste. L’étalement de la peinture noire dans différentes textures, que l’on voit poindre dans certaines toiles annonce aussi ce qui deviendra le principe dominant dans les années 1970.

Tous les tableaux sont déjà passés par la galerie à un moment ou un autre. Pascal Lansberg a pu convaincre une dizaine de ses collectionneurs de les mettre en vente en raison de l’envolée de la cote de Soulages. Une peinture de grand format de 1961 a ainsi été adjugée 20 millions d’euros (frais compris) en 2021 quelques mois après le décès de l’artiste. Une toile exposée a déjà été vendue 3 millions d’euros. Pour les portefeuilles, disons plus « modestes », une eau-forte est proposée à 22 000 €.

Créée en 1992 par Pascal Lansberg et son père Maurice aujourd’hui décédé, la galerie n’a jamais vraiment représenté l’artiste mais a beaucoup acquis (et revendu) d’œuvres sur le second marché. En trente ans, il est devenu un des spécialistes du peintre. Pascal Lansberg vit aujourd’hui entre la France et Israël et a confié la direction de la galerie à sa fille Chloé.