Art contemporain

La balle est dans le camp des acheteurs

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 3 février 2009 - 693 mots

Christie’s et Phillips de Pury & Company jouent la prudence avec une sélection d’œuvres moins large et plus attractive.

LONDRES - Qui peut dire aujourd’hui à quel prix une œuvre d’art contemporain est susceptible de se vendre ? Si face à la situation économico-financière, les maisons de ventes ont cessé de jouer à la gonflette avec les estimations, elles y vont encore à tâtons et au cas par cas avec les réajustements de cotes. Christie’s et Phillips de Pury & Company feront un test à Londres les 11 et 12 février, soit une semaine après Sotheby’s. La pénurie d’œuvres à vendre a conduit toutes les maisons de ventes à dresser des catalogues moins fournis en lots, ce qui n’est peut-être pas plus mal à l’heure où la demande s’est considérablement rétrécie.
Pour sa vente du soir le 11 février, Christie’s s’appuie sur « des valeurs classiques couvrant 60 ans de création artistique incluant Francis Bacon, Mark Rothko, Jean Dubuffet, Willem de Kooning, Alberto Burri, Bridget Riley et Jeff Koons, parmi d’autres, souligne Pilar Ordovás, directrice du département d’art d’Après-guerre et contemporain de Christie’s Europe. Nous observons une forte demande pour des œuvres de grande qualité n’ayant pas été vues sur le marché depuis longtemps, et cette vacation comprend une sélection d’importantes peintures proposées pour la première fois depuis une génération. » Vedette de la vente, Man in Blue VI (1954) par Francis Bacon sera proposée pour la première fois aux enchères sur une estimation de 4 à 6 millions de livres sterling (4,3 à 6,4 millions d’euros). La toile a été conservée par le même collectionneur depuis près de 40 ans. Le dernier tableau de cette série passé en vente publique, Man in Blue VII, a été adjugé 707 750 livres sterling (1,15 million d’euros à l’époque) le 6 février 2002 à Londres chez Christie’s. La maison de ventes mise également sur Combustione plastica (1956) d’Alberto Burri et Women Singing I (1966) de Willem de Kooning, acquis par deux collectionneurs à la fin des années 1960 et estimés respectivement 800 000 et 650 000 livres sterling. La section plus contemporaine, assez mise à mal depuis la crise, est notamment illustrée par l’un de ses plus solides représentants, à savoir Jeff Koons. La toile Monkeys (Ladder), peinte par l’artiste en 2003 et estimée 1,4 à 2 millions de livres sterling, figure en couverture du catalogue.
Le 12 février, la maison Phillips, davantage positionnée sur le cutting edge (l’art le plus actuel), tient d’emblée un discours (trop     ?) rassurant. « Dans le climat actuel, nous sommes ravis de présenter des œuvres de qualité, d’une grande fraîcheur et avec une excellente provenance. Leurs estimations tiennent compte du nouveau contexte de marché et présentent de grandes opportunités d’achats pour les collectionneurs », indique Simon de Pury, président de Phillips de Pury & Company. La couverture du catalogue fait aussi honneur à Jeff Koons, avec l’installation Five encased rows (1983-1993), pièce unique estimée 1,8 à 2,2 millions de livres. La vente comprend Portrait of Paul Schreber (1994) par Martin Kippenberger, estimé 400 000 livres sterling, et Julia (1987), sculpture monumentale en aluminium peint de Keith Haring, estimée 350 000 livres sterling. Notons encore Congress of Elders (2006), rare œuvre de l’artiste africain El Anatsui, estimée 180 000 livres sterling ; Miami Beach (1989), huile sur toile de Charles Bell, estimée 250 000 livres sterling ainsi qu’un ensemble d’œuvres de la collection Thyssen-Bornemisza incluant Unspoken (Silver & Gold) (2001), diptyque vidéo de Bill Viola, estimé 70 000 livres sterling. Les fonds récoltés par cet ensemble seront destinés à la mise en valeur de l’art contemporain en Islande. Enfin, la maison de ventes a conservé une petite section d’art contemporain chinois dont il sera très intéressant d’observer les résultats, notamment pour Huang Jiguang (2006) de Zeng Fanzhi, estimé 200 000 livres sterling, et Prada (2003) de Wang Guangyi, estimé 120 000 livres.

CHRISTIE’S
Expert : Pilar Ordovás
Estimation : 15 à 21 millions de livres (16 à 22,6 millions d’euros)
Nombre de lots : 31

PHILIPPS DE PURY
Expert : Michael McGinnis
Estimation : 7 à 9 millions de livres (7,5 à 9,7 millions d’euros)
Nombre de lots : 53

CHRISTIE’S. ART D’APRÈS-GUERRE ET CONTEMPORAIN (vente du soir), vente le 11 février à Londres, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com

PHILlIPS DE PURY. ART CONTEMPORAIN (vente du soir), vente le 12 février à Londres, tél. 44 20 7318 4067, www.phillipsdepury.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°296 du 6 février 2009, avec le titre suivant : La balle est dans le camp des acheteurs

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