PARIS
L’artiste britannique présente à la Zander Galerie des peintures hyperréalistes d’objets et reflets.
Paris. Il suffit d’un verre d’eau aux trois quarts bu, posé sur une toile cirée, entouré de quelques pièces de monnaie et de plaquettes de cachets semblant tous consommés pour commencer à imaginer le pire. On est encore plus troublé quand on découvre qu’il ne s’agit pas d’une photographie en noir et blanc mais d’une peinture à l’huile sur Dibond (Glass 5, voir ill.). James White est un fauteur de trouble virtuose. Pour sa première exposition à Paris, l’artiste britannique (né en 1967) a conçu six nouvelles peintures en noir et blanc de verres, dans la veine de celles hyperréalistes d’objet du quotidien (bouteilles, robinets de cuisine ou de salle de bains…), produites à partir de photographies de son environnement.
L’espace réduit de la Zander Galerie, en forme de couloir, se prête particulièrement bien à cette déclinaison en petit format de verres cristallins représentés en gros plan et plus ou moins remplis d’eau, à moins que ce ne soit du gin… Ils sont posés sur le rebord d’un lavabo marqué par les éclaboussures d’eau du robinet ou une console en marbre. Le reflet du verre dans une glace à la netteté parfaite prend dans ces peintures une connotation mystérieuse, résultat d’actes ou expression d’un état dont le récit ou la teneur sont tus. Chaque scène, dépourvue de figures humaines, suggère pourtant un événement, passé ou en cours. Un seul verre devient l’objet métaphorique d’une situation voire d’une existence. Chacun conduit le spectateur à s’interroger sur les éléments de la scène. Le tableau s’apparente au plan de coupe d’un film à suspense ou à l’image d’une scène de crime. Étranges natures mortes que ces peintures auxquelles le vocable anglais de still life sied mieux.
Réalité ou fiction, peinture ou photographie : James White brouille les limites dans une stupéfiante méticulosité. Le titre Means to an End (« des moyens pour une fin ») participe de ce jeu à double connotation. « James White est constamment aux prises avec la question de savoir ce que la peinture peut accomplir et où elle peut encore aller », souligne Thomas Zander, qui, pour la cinquième exposition de sa galerie parisienne depuis son ouverture en octobre 2023, a choisi un artiste qu’il entend mieux faire connaître en France. En 2022, la Fondation Fernet-Branca, à Saint-Louis (Haut-Rhin), avait confronté ses œuvres à celles du peintre Olivier Masmonteil et du photographe Yiorgos Kordakis dans un dialogue formidable soulignant le rôle d’observateur de l’artiste.
Prix de chaque peinture : 25 800 dollars (23 800 €).
Zander galerie, 15 M2 à Paris
Le 19 octobre 2023, jour de l’ouverture de la foire Paris+ par Art Basel, Thomas Zander inaugurait sa première galerie à Paris avec dix photographies signées Victor Burgin datant de 1970. Il poursuivait avec une sélection tout aussi resserrée de photographies de l’Allemande Candida Höfer puis des Américains Tod Papageorge et Tarrah Susan Krajnak. L’espace, d’une surface de 15 m2, et tout en longueur, au cœur de Saint-Germain-des-Prés, tranche avec ceux des galeries étrangères qui se sont récemment implantées ailleurs dans Paris. Ce qui n’est pas sans déplaire au galeriste de Cologne. « En décidant d’ouvrir un petit espace, j’ai voulu rompre avec la tendance actuelle. Se concentrer sur l’essentiel, mettre en valeur une sélection ciblée. » Les liens très étroits que Thomas Zander a noués avec la capitale française ont motivé sa décision de s’y installer. « Depuis quinze ans, nous participons à Paris Photo, à la Fiac et, depuis 2022, à Paris+ par Art Basel. De plus, notre clientèle française est très importante et pourra être élargie grâce à ce nouveau site. D’une manière générale, Paris est en train de devenir l’une des villes les plus importantes de la scène artistique. Elle est donc également importante pour nous. »Pour diriger la galerie, Thomas Zander a recruté Béatrice Andrieux, commissaire d’exposition indépendante et critique d’art, un temps collaboratrice de Paris Photo, à Paris et à Los Angeles.
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James White, le fauteur de trouble
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : James White, le fauteur de trouble