Arts premiers

Instants de Vérité à Drouot

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 juin 2006 - 652 mots

La dispersion de la collection Vérité est annoncée comme la vente du siècle pour les arts primitifs. Cet ensemble exceptionnel mis aux enchères sous le marteau de Rémy Le Fur est estimé 20 millions d’euros.

PARIS - Incroyable, exceptionnelle, fabuleuse…, autant de qualificatifs pour décrire la vente à Drouot de la collection Vérité d’arts premiers. Dominée par l’Afrique noire, elle a été initiée dans les années 1920 par Pierre et Suzanne Vérité, rejoints dans leur passion par leur fils Claude et son épouse Janine dans les années 1950. « Je constate que, dans tous les domaines représentés, le choix est superbe et unique. Même en remontant loin dans l’histoire des grandes ventes publiques, aucune n’atteint les sommets de celle-ci. Les ventes Guillaume, Lefèvre, Rubinstein, Rasmussen, pour les années 1960 à 1980, et les ventes Tzara, Guerre, Goldet, pour superbes qu’elles furent, ne proposèrent pas ce choix, souligne l’expert Pierre Amrouche. Du plus sophistiqué au plus brut, le collectionneur trouvera dans cette collection tout ce qu’il pourrait désirer dans ses rêves les plus fous. » Dans la longue préface du catalogue, l’expert revient sur l’histoire de cette collection. Les achats effectués en Europe entre 1920 et 1945 constituent près de 80 % des lots du catalogue. L’atlas qu’ils composent épouse l’histoire de la France coloniale pour l’art africain. Déçus par les arrivages des coloniaux et missionnaires, leurs rabatteurs, les Vérité se lancent eux-mêmes sur les pistes africaines dans les années 1950. Ils constituent sur place un précieux réseau de correspondants, lesquels viendront alimenter ultérieurement leur galerie Carrefour à Paris.

Les plus beaux objets du monde
La collection est dispersée en trois demi-journées, sans prix de réserve. Les plus beaux morceaux, la plupart exposés et publiés, sont réunis dans une vente du soir précisément organisée pour que le décalage horaire permette aux collectionneurs, de New York à Los Angeles, de se ruer sur leur téléphone.
Un masque Grébo-Krou « cubisant » (no 151), estimé 80 000 euros, séduira les amateurs d’art moderne. D’un style opposé, une statue cimier Kuyu du Congo de composition complexe (no 189), en bel état de conservation et estimée 150 000 euros, peut être considérée comme une démonstration du grand art baroque africain. Les connaisseurs apprécieront : une divinité Nimba du peuple Baga de Guinée (no 159), rare objet emblématique africain et aussi l’un des plus monumentaux (127 cm), estimée 400 000 euros ; un chef-d’œuvre de la statuaire déblé Sénoufo (no 167), estimé 600 000 euros ; une statue de chasseur Tshokwe d’Angola à l’architecture dynamique parfaite, estimée 800 000 euros (no 227) ; un masque Mukuye du Gabon d’une grande ancienneté (no 185), réunissant tous les canons de l’art Punu, estimé 250 000 euros, ou encore, l’icône de la collection et ce qui est considéré comme l’un des dix objets africains les plus rares au monde, un masque ngil des Fang du Gabon (no 193), estimé 1 million d’euros. D’autres merveilles sont attendues à des enchères à cinq zéros parmi la centaine de lots exceptionnels réunis dans la vente du soir pour laquelle, Rémy Le Fur, commissaire-priseur d’Artcurial, tiendra le marteau ! Officiellement, celui-ci remplace Étienne Mercier – l’un des deux commissaire-priseurs d’Enchères Rive Gauche, absent pour raison de santé.…
Enfin, quatre-vingts pièces d’Océanie occupent une place à part dans la vente. On compte parmi elles une effigie malangan de Nouvelle-Irlande (no 253), provenant des anciennes collections Maurice Vlaminck, Charles Ratton et Paul Éluard, estimée 40 000 euros ; un très rare masque rom kon Vanuatu (no 269) et un poteau Poutokomanava Maori de Nouvelle-Zélande (no 277), estimés 30 000 euros chacun. Le tout, pour l’estimation colossale de 20 millions d’euros.

COLLECTION VÉRITÉ

Vente le 17 juin à 14 h 30 et 19 h 30 et le 18 juin à 14 h 30, hôtel Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Enchères Rive Gauche, tél. 01 43 26 17 15 ; exposition publique : les 15 et 16 juin 11h-22h.

VENTE VÉRITÉ

- Experts : Pierre Amrouche et Alain de Monbrison - Estimation : 20 millions d’euros - Nombre de lots : 514

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°239 du 9 juin 2006, avec le titre suivant : Instants de Vérité à Drouot

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