Le « Portrait d’Alfonso d’Avalos », de Titien, mis en dépôt par AXA au Louvre depuis douze ans, a rejoint les collections du Getty Museum à Los Angeles.
PARIS, LOS ANGELES - Le Portrait d’Alfonso d’Avalos, marquis del Vasto (1533), une très belle toile du maître vénitien Titien, a quitté les cimaises du Louvre pour celles du Getty Museum, qui l’a acheté au groupe d’assurances AXA en fin d’année 2003. Le tableau, qui provenait d’une collection privée française, la famille de Ganay, avait été acquis pour 64 millions de francs fin 1990 par AXA dans le cadre d’une succession. Il avait été ensuite mis en dépôt et exposé pour une durée de dix ans au Louvre, lequel avait la possibilité de l’acheter à n’importe quel moment à son prix d’acquisition (augmenté des intérêts calculés sur le taux d’emprunt de l’argent à court terme). La société AXA n’ayant toujours pas reçu d’offre de la RMN (Réunion des musées nationaux) douze années après son prêt de l’œuvre à l’institution française, elle a remis l’œuvre sur le marché pour trouver un nouvel acquéreur. À cet effet, elle s’est adressé au marchand parisien Hervé Aaron via sa galerie new-yorkaise. « J’ai été chargé par AXA de vendre le Titien. Nous ne souhaitions pas l’acheter. Le Getty était intéressé », indique laconiquement l’antiquaire, qui n’a pas souhaité en dire plus sur les autres options possibles de vente ni sur le montant de la transaction. Si les opérations de courtage chez les antiquaires sont plus ou moins occasionnelles, le métier de courtier en art a, depuis quelques années, le vent en poupe, ainsi pour la société dirigée par Marc Blondeau associé à Étienne Bréton et Alexandre Pradère, aujourd’hui considérée comme l’un des plus gros cabinets de courtage dans les spécialités Tableaux anciens, Art moderne et contemporain et Mobilier XVIIIe à Paris et Genève. Plus récemment, Hugues Joffre et Franck Prazan, respectivement l’ex-président du directoire de Christie’s France et l’ancien directeur d’août 1999 à juillet 2001, ont monté Lasartis, une société de conseil et d’intermédiation spécialisée en art moderne et contemporain, dans le 8e arrondissement de Paris.
D’aucuns regretteront que l’opération de courtage menée par Hervé Aaron ait conduit à l’exportation définitive de cette œuvre majeure de Titien hors du territoire français. Pourtant, la balle a pendant longtemps été dans le camp des musées nationaux… qui n’ont pas souhaité s’exprimer à ce sujet. Le Portrait d’Alfonso d’Avalos est « l’un des portraits d’apparat les plus importants et les plus influents de Titien », a souligné Deborah Gribbon, directrice du J. Paul Getty Museum et vice-présidente du Getty Trust. Ce tableau constitue l’une des plus grosses acquisitions de l’institution américaine. Il rejoint un important groupe de portraits italiens de la Renaissance, notamment le Portrait d’un hallebardier par Jacopo Pontormo et celui du Pape Clément VII par Sebastiano Del Piombo. Les trois peintures, exécutées à la même époque, sont représentatives de ce qui se faisait de mieux dans les trois centres artistiques les plus influents de la Renaissance : Venise, Florence et Rome. Installé pour le moment comme hôte d’honneur dans l’aile nord du musée jusqu’à la fin du mois de février, le portrait de Titien, dans un état de conservation remarquable, sera ensuite exposé dans les collections permanentes du Getty après un rafraîchissement d’usage.
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Hervé Aaron a vendu un Titien au Getty
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°186 du 6 février 2004, avec le titre suivant : Hervé Aaron a vendu un Titien au Getty