PARIS
Pour sa deuxième édition, le salon installé au Carreau du temple a confirmé sa formule : promouvoir un autre rapport à l’art et à la collection, loin de la spéculation encouragée par d’autres foires.
Paris. Fondée en 2016, Galeristes a confirmé cette année sa stratégie de foire alternative aux mastodontes du genre. Ici, entendait-on dans les allées du salon dissident, point de « spéculation » visible à Art Basel ou à la Fiac, mais un intérêt « sincère » pour l’art, et une attention particulière portée aux galeristes et aux « vrais collectionneurs », y compris aux primo-collectionneurs qui pouvaient craquer chez Urdla pour une belle lithographie de Rainier Lericolais à 580 euros l’édition de vingt… avec son cadre ! Le credo de Galeristes : « défendre et valoriser les galeries rattachées à la scène artistique française », explique le fondateur Stéphane Corréard, qui a inscrit au générique 2017 vingt-six galeries françaises et deux galeries étrangères « francophones » (la belge Archiraar et la suisse Analix Forever).
Pour ce faire, l’ancien galeriste et critique d’art a mis au point une formule originale : un comité de sélection constitué essentiellement de collectionneurs – et non de galeries parties prenantes de la foire –, un nombre réduit d’exposants et une scénographie résolument ouverte signée Dominique Perrault et Gaëlle Lauriot-Prévost. « Entrer sur un stand peut constituer un frein, constate Corréard. Là, il n’y a plus de stand mais de l’art sur des cimaises. »
Si la formule demeure inchangée, de menues améliorations ont été apportées cette année. Le parcours se veut ainsi plus libre qu’en 2016, « moins Ikéa », selon la formule du galeriste Jean Brolly, qui remarque que ses confrères, désormais exercés aux cimaises en métal, proposent des accrochages soignés, à l’instar de celui de la Galerie de France – Le Studiolo. Si le salon a pu déstabiliser les visiteurs habitués aux allées et aux stands peints en blanc des foires traditionnelles, Galeristes se révèle propice aux découvertes, de galeries comme d’artistes, et notamment des peintres, majoritaires au Carreau du temple… Ce constat n’a pas échappé aux marchands qui sont venus, pour la plupart, avec une sélection large des noms qu’ils défendent dans leurs boutiques, sans thématique parfois artificielle ou de « solo show ».
La Galerie Anne-Sarah Bénichou a ainsi emporté dans ses cartons six de ses sept plasticiens, en prenant soin d’accorder les œuvres choisies avec le bleu du cyanotype de Julien Discrit (Chant du rossignol à flanc roux, 2017). Même stratégie chez Christophe Gaillard et chez Marie-Hélène de La Forest Divonne, qui ont emmené leurs champions : Journiac, Delprat et Des Monstiers, d’un côté ; Hollan, Bioulès et Malherbe, de l’autre. Pour sa deuxième participation, la galerie Jean Fournier assumait, quant à elle, un choix plus restreint que l’an passé, avec cinq artistes seulement, dont Viallat et Fabienne Gaston-Dreyfus. L’organisateur a-t-il donné son avis sur le choix des artistes ? « Il ne m’appartient pas de juger de la qualité d’une galerie !, réagit Stéphane Corréard. J’ai suffisamment de recul pour dire que les goûts évoluent, et qu’une galerie ou qu’un artiste qui était jugé has-been hier, deviendra tendance demain. »
Cette philosophie a séduit la galerie Backslash, qui participait pour la première fois au salon cette année. « Cela représente un coût pour nous, admet Delphine Guillaud, cofondatrice de la galerie, de l’ordre de 12 000 euros les cinq modules. Mais nous avons trouvé la première édition tellement détendue, tellement chaleureuse, que nous avons décidé d’y participer cette année. » Pour amortir son investissement, elle devait donc vendre un grand format de Sépànd Danesh à 5 400 euros et plusieurs dessins de Thomas Lévy-Lasne réalisés à partir de captures d’écran du site pornographique Cam4…
Venue de Nice avec un stand azuréen (Marcel Alloco, Alain Lestié, Bernard Dejonghe…), la galerie Depardieu fait le même constat : « Nous avons candidaté pour l’ambiance, qui n’a rien à voir avec celle des autres foires, admet Christian Depardieu. Ici, nous avons le sentiment que la valeur artistique des œuvres passe avant la valeur financière. » Une ambiance qui incite les galeries à prendre des risques, comme de présenter des artistes encore inconnus du marché français, à l’instar du peintre israélien Guy Yanai, dont une toile de 1,30 x 1 m était proposée à 11 500 euros par la galerie Derouillon, ou du jeune Britannique Oli Epp, que Sémiose n’a pas encore montré dans sa galerie, mais qui proposait pourtant une de ses toiles à 2 000 euros… Mais peu importe, Galeristes n’est-elle pas une foire, selon Stéphane Corréard, « de proximité » ? Au yeux de ce dernier, le plus important est autant de vendre durant les quelques jours de l’événement, que d’inciter les collectionneurs à pousser la porte des galeries une fois le salon terminé.
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Galeristes, la foire dissidente qui prône le développement durable
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°491 du 15 décembre 2017, avec le titre suivant : Galeristes, la foire dissidente qui prône le développement durable