Comment vous en êtes venu à collectionner la porcelaine Imari ?
Au début des années 1990, j’ai eu plus de temps pour voyager et j’ai commencé à venir en Europe très souvent. Je me souviens du 30 juillet 1995, jour où je suis tombé en émerveillement devant un très grand vase Imari au décor polychrome de chrysanthèmes et de papillons. C’était une rencontre complètement hasardeuse dans la boutique d’un antiquaire de Saint-Ouen. Ça a été le point de départ de ma collection, que je n’ai pas cessé de développer depuis. Elle compte maintenant un peu plus de 500 pièces. En fait, les trois cent cinquante années d’histoire d’Imari sont passionnantes et m’intéressent particulièrement sous l’angle des cultures et des civilisations, notamment dans le fait que ces objets ont été produits si loin à l’Est pour être largement exportés à l’Ouest sur le marché européen. Ma pensée est tournée vers ces gens qui recherchaient une aventure que l’on peut qualifier de « romantique » dans ce que représentait le marché des porcelaines d’Imari à cette époque. Au début, j’étais intéressé par la forme, les couleurs et l’habilité du dessin. Puis, petit à petit, j’ai approfondi mes connaissances sur les porcelaines d’Imari et j’ai commencé à rechercher des pièces possédant de hautes qualités techniques de fabrication, des pièces uniques, des pièces très rares, des pièces à haute valeur artistique et des pièces ayant une valeur académique pour la collection. J’achète aussi bien chez les antiquaires qu’en salles de ventes et je dirais que tous les réseaux d’achat sont bons dans la mesure où ils me permettent de découvrir de nouvelles pièces. Jusqu’à présent, toutes les pièces de ma collection ont été trouvées en Europe. Je suis toujours un acheteur très actif, qui regarde de près le prix et la cote des porcelaines. Comme vous le savez, leur valeur est sujette aux fluctuations économiques dans le monde. Par exemple dans la période de pic économique japonais en 1989-1990, les prix ont grimpé quelques fois très haut. Quoi qu’il en soit, on peut dire sans se tromper que les porcelaines d’Imari garderont toujours une valeur minimale, celle du marché dans ses périodes stables. Petit à petit, la raréfaction des pièces a tendance à faire monter leur prix (1), mais, là encore, je ne vous apprends rien.
Quelles sont vos dernières rencontres artistiques ?
Je dois dire que mes plus récentes émotions, je les dois à la nature, je pense en particulier aux extraordinaires couchers de soleil de la Costa de la Luz en Espagne et aux merveilleux paysages de Toscane.
Quelle est votre actualité ?
La Maison de la culture du Japon a organisé une exposition sur le thème de la porcelaine Imari, pour laquelle je prête plusieurs pièces pour la première fois. En fait, l’idée vient de M. Kôji Ôhashi, vice-président du Musée de la céramique de Kyushu, également le plus grand chercheur de céramiques d’Imari au Japon, à qui la Japan Foundation (dont l’antenne à Paris est la Maison de la culture du Japon) a confié le commissariat de l’exposition. M. Ôhashi en a défini le thème, qui fait apparaître les différences de goût entre le Japon et l’Europe tout en retraçant l’aventure de la porcelaine d’Imari des années 1610 aux années 1750, où elle est exportée en abondance et imitée dans les plus grandes manufactures européennes. Il a sélectionné des exemples conservés dans différents musées et issus de mains privées. Il s’est trouvé que ma collection comportait des pièces correspondant tout à fait au thème de l’exposition. Sur une centaine de porcelaines exposées, 45 viennent de ma collection, toutes faites pour le marché européen. L’exposition qui est itinérante, a commencé en Italie en juin 2004, elle est actuellement à Paris et doit se rendre au printemps prochain à Bruxelles.
(1) NDLR : pour une assiette rare, de 30 000 à 45 000 euros.
(2) Imari : porcelaine des shôgun et des souverains d’Europe de 1610 à 1760, jusqu’au 2 avril 2005, Maison de la culture du Japon, 101 bis, quai Branly, 75015 Paris, tél. 01 44 37 95 01, www.mcp.asso.fr
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Fumio Usui, Collectionneur de porcelaines japonaises Imari
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°210 du 4 mars 2005, avec le titre suivant : Fumio Usui, Collectionneur de porcelaines japonaises Imari