NEW YORK / ÉTATS-UNIS
Frieze New York, moins pétillante et en mal de créativité, la foire a montré des propositions fort convenues.
NEW YORK - « Je me demande si le système n’est pas à bout et peut-être parvenons-nous au terme d’un cycle infernal ? Ni les galeries ni le public ne peuvent continuer à enchaîner les foires de cette façon », s’interrogeait une galeriste européenne à la fois quelque peu fatiguée et désabusée, lors la quatrième édition de Frieze New York qui s’est tenue du 14 au 17 mai. Certes les affaires ont été au rendez-vous et bien peu semblaient faire grise mine sur le salon, même si nombre de marchands s’inquiétaient du caractère inhabituellement calme des jours suivant un vernissage ayant lancé la manifestation sur des chapeaux de roues. À l’instar de Solène Guillier chez GB Agency (Paris), de nombreux marchands relevaient la très belle qualité des collectionneurs, mais aussi des institutionnels : « Frieze New York est moins un événement social que d’autres foires et je touche ici des gens de Chicago, New York, Toronto ou Dallas que je ne vois pas ailleurs. C’est un contexte qui peut être bien quand on prend des risques », relevait-elle aussi.
Les Européens ne se sont pas déplacés
Des risques, il en a pourtant manqué ; et flottait sur le salon comme une étrange atmosphère. Peut-être était-elle le fait d’une assistance des plus monocolore, avec des visiteurs américains évidemment, qui furent rejoints par des Latino-Américains tandis que les Européens étaient absents ? « La Biennale de Venise, une semaine avant la foire, n’a sans doute pas aidé à les faire se déplacer, alors qu’Art Basel se profile très bientôt », notait un galeriste. Mais sans doute cette atmosphère tenait-elle de l’offre également ?
Alors que les précédentes éditions s’étaient montrées pleines d’entrain et d’un formidable dynamisme, le cru 2015 s’est révélé bien plus convenu ; pas de mauvaise qualité, mais manquant considérablement d’allant et de créativité. La plupart des stands avaient beau être convenablement accrochés – seule Andrea Rosen (New York) semblait avoir écumé les fonds de sa réserve en accrochant en vrac tout et n’importe quoi –, des propositions originales comme celle de PPOW (New York), avec un espace barré par des arches en bois et carton d’Adam Putnam accompagnées d’œuvres d’Hunter Reynolds, Martin Wong ou David Wojnarowicz n’étaient pas légion. Et c’est finalement dans les deux sections dédiées aux jeunes (« Frame ») et aux revivals (« Spotlight ») que le visiteur pouvait trouver du grain à moudre, comme avec Lucy Stein chez Gregor Staiger (Zürich) ou le vétéran soudanais Ibrahim El-Salahi chez Vigo (Londres).
« Cette foire est difficile pour une galerie comme la mienne qui n’est pas dans le courant dominant, mais il est important d’y être car elle confère une bonne visibilité et des prises de contact intéressantes », notait pour sa part une participante de la section « Frame ». Peut-être le système arrive-t-il en « bout de course », mais ses acteurs seraient-ils véritablement prêts à le remettre en cause ? Rien n’est moins sûr.
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Frieze New York s’essouffle
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°436 du 22 mai 2015, avec le titre suivant : Frieze New York s’essouffle