LONDRES / ROYAUME-UNI
La foire « arty », supposée montrer la création postérieure à l’an 2000, expose avant tout de la peinture, parfois très décorative.
Londres. Une opinion largement partagée voudrait que Frieze London soit le rendez-vous international de la création la plus émergente, et partant, de l’art le plus échevelé. La 16e édition qui a fermé ses portes le 7 octobre contredit ce cliché. La peinture, souvent figurative, encore plus souvent très colorée, quelquefois simplement décorative, est largement majoritaire. Même parmi les artistes du XXIe siècle, puisque, en théorie, n’est exposée à Frieze London que la production postérieure à 2000. Cette impression que la peinture prévaut est accentuée par le chatoiement des couleurs et le grand format des supports qui s’emparent des cimaises.
Le ton est donné chez les deux majors dont les gigantesques stands dominent l’entrée des tentes installées à Regent’s Park. À gauche, Gagosian exhibe de larges panneaux d’aluminium d’Urs Fischer (né en 1973) ; à droite, la galerie londonienne Sadie Coles orne ses cloisons d’abstractions colorées signées de l’Américain Ryan Sullivan (né en 1983).
Ailleurs, tous les grands galeristes atuels exposent de la peinture. Que ce soit au travers d’artistes dont c’est la spécialité : Alex Katz (né en 1927) chez Gavin Brown’s Enterprise, Daniel Richter (né en 1962) chez Thaddaeus Ropac, l’Anglais Nigel Cooke (né en 1973) chez Pace, l’Américain Mark Bradford (1961) chez Hauser & Wirth ; ou de plasticiens pour qui c’est l’un des moyens d’expression : Lee Ufan (né en 1936) à la galerie Hyundai, Tracey Emin (née en 1963) chez Xavier Hufkens. Même le très pictural street art, qui n’est pourtant pas le meilleur de celui-ci, à l’exemple des œuvres du duo brésilien Os Gêmeos (deux frères jumeaux nés en 1974) chez Lehmann Maupin, obtient l’imprimatur de la foire.
Dès lors, les galeries peuvent enfreindre la règle « de l’an 2000 » et présenter des peintres « historiques », brouillant les frontières visuelles : les Allemands Georg Baselitz, Jörg Immendorff ou A. R. Penck chez Michael Werner ou le Britannique Peter Doig, l’Américaine Mildred Thompson (décédée en 2003) chez Lelong.
Est-ce vraiment une surprise ? Pas vraiment. Frieze London est une foire, pas un salon et encore moins une biennale. Les marchands sont là pour vendre, et leurs clients, les traders de la City ou les grandes fortunes étrangères résidant à Londres, achètent surtout de quoi décorer leur penthouse. Si les installations présentées ici et là, les multiples performances, la section militante « Social Work » consacrée aux artistes femmes, sont le visage médiatique de la manifestation, « at the end of the day», c’est le business qui prime. Et aujourd’hui encore, le business c’est la peinture.
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À Frieze London, la peinture règne en maître
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°509 du 19 octobre 2018, avec le titre suivant : À Frieze London, la peinture règne en maître