Focus : Victor Hugo (1802-1885), « Souvenir de Belgique »

Mais c’est un autre paysage qui a décroché la plus belle adjudication de la Semaine du dessin à Paris, la veille chez Artcurial. Estimé 100 000 à 150 000 euros, Souvenir de Belgique de Victor Hugo a été cédé pour 447 500 euros par un amateur français contre trois autres enchérisseurs au téléphone. Il s’agit d’un record du monde pour un dessin de Victor Hugo. Le précédent record avait été établi le 16 octobre 2002 à Drouot (SVV Fraysse & associés) pour un rare grand dessin (49 x 31 cm) figurant une architecture fantastique, intitulé Le Burg sans nom de Neckarsteinach (1857) et emporté au prix de 276 000 euros. Même si l’engouement croissant pour les dessins d’Hugo est tangible depuis une dizaine d’années, rares sont les œuvres sur papier de l’écrivain dépassant les 100 000 euros en vente publique. D’un format deux fois moins important (13,5x25 cm), Paysage au pont près de Salm, le château dans le fond (1862-1863) avait été adjugé pour 76 460 euros (trois fois son estimation haute), le 12 décembre 2007 à Drouot (SVV Piasa) au collectionneur Georges Pébereau. Après une exposition très remarquée d’une partie de sa collection au Musée du Louvre en 2009, ce dernier l’a donné à l’institution (sous réserve d’usufruit). Un Château fantastique émergeant d’une brume d’encre (22,50 x 14,30 cm) avait été vendu 143 000 euros à un particulier français, le 30 mars 2011 à Paris chez Artcurial.

« Les dessins d’Hugo sortent du champ classique des amateurs de dessins. Ils fascinent les amateurs de littérature, les passionnés de XIXe siècle, les férus de politique et surtout les grands rêveurs, tant ils nous transportent », relève Matthieu Fournier, le commissaire-priseur de la vente et responsable du département chez Artcurial. Souvenir de Belgique est une œuvre inédite de 14 x 32 cm, datée de 1857 et en parfait état de conservation. Elle est dédicacée au docteur Terrier, compagnon d’exil (car républicain convaincu) de l’écrivain et médecin de la famille Hugo à Guernesey. C’est « l’un des hommes que j’aime et que j’estime le plus au monde », déclare Victor Hugo dans une lettre datée de 1858. Le docteur Terrier le sauva d’un anthrax cette année-là. Ce dessin à l’encre brune a la rare particularité d’être « sublimé d’une tache d’aquarelle bleue qui construit le dessin et assied la composition », souligne Matthieu Fournier