Focus : Éventail de parade, début XIXe - Îles Marquises

Vente du 29 janvier, Clermont - Ferrand - SVV Vassy et Jalenques, groupe Ivoire, adjugé 62 000 euros

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 16 février 2011 - 495 mots

Les familles cachent des trésors insoupçonnés qui arrivent au hasard d’un inventaire dans les salles de ventes françaises.

Le 29 janvier, l’une de ces pépites remarquée par l’expert français Jean Roudillon, était le clou d’une vente de meubles, tableaux et objets d’art à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), à savoir un éventail provenant des îles Marquises et datant du premier quart du XIXe siècle, voire de la fin du XVIIIe siècle. Cet objet océanien a été rapporté par Georges Louis Winter, militaire de carrière à l’occasion de son retour en France à bord du Gassendi faisant route vers Tahiti, puis vers la France où il aborde le 6 janvier 1848, après quatre années de séjour aux îles Marquises (1844-1847).
L’éventail est resté chez les descendants du militaire jusqu’au jour de sa vente aux enchères. Était également inclus, dans cette même vacation, un manuscrit original de Georges Winter, relatant les faits principaux de son séjour, accompagné d’une attestation le concernant rédigée par le capitaine de frégate Brunet ayant commandé l’établissement de Nouka Hiva (la plus grande île de l’archipel), qui a été adjugé 6 200 euros. L’éventail a été emporté à 62 000 euros, vraisemblablement par un marchand. Il est probable qu’il vaille un peu plus cher…

Objet de parade
« Bien que son possesseur d’origine cite, dans son récit, l’utilisation d’un éventail par la veuve d’un défunt pour éloigner les insectes de son corps exposé, il s’agit à l’origine d’un objet de haut rang plutôt que d’un objet utilitaire », précise l’expert. Alors que la plupart des pièces de ce type possèdent un manche en bois, cet éventail de parade présente un modèle rare de poignée en ivoire marin sculpté de deux rangées de tikis adossés, séparés par un bandeau gravé de fines nervures. Ce manche à la forme incurvé a conservé la courbe naturelle de la dent de cachalot. Selon Jean Roudillon, « on ne connaît qu’un seul exemplaire semblable reproduit dans l’ouvrage de Karl Von Den Steinen sur Les Marquisiens et leur art, réédité par le Musée de Tahiti et des îles. Il est mentionné comme faisant partie des collections du Musée de l’artillerie et était considéré comme pièce unique de ce type en 1876 ».
Cet éventail est également remarquable par l’état de conservation de sa vannerie composée de feuilles de pendanus très finement tressées, avec un motif en triangle au sommet. Il est enfilé sur une tige en bois incrustée, maintenue par un tenon entre les deux têtes de tiki et, à la base, par un délicat laçage de fibre de coco. Deux accros mineurs sont signalés au catalogue : une petite déchirure à la vannerie au sommet effilé de la tige et un petit trou sur un côté. « Par sa qualité exceptionnelle, cet éventail devait appartenir à un grand personnage », conclut l’expert.

Éventail des Îles Marquises

Date de réalisation : début XIXe

Technique : dent de cachalot sculptée et feuilles de pendanus tressées

Dimensions : 42,7cm (hauteur), 39cm (largeur)

Provenance : Georges Louis Winter

Expert : Jean Roudillon

Estimation : 30 000 euros

Adjudication : 62 000 euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°341 du 18 février 2011, avec le titre suivant : Focus : Éventail de parade, début XIXe - Îles Marquises

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque