Antiquaire

Fête de la résistance aux puces

Les brocanteurs organisent un Festival des arts du 20 au 22 octobre

Par Nicolas Powell · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1995 - 690 mots

SAINT-OUEN

La municipalité de Saint-Ouen a échoué en juillet dans sa troisième tentative d’exproprier plus de dix mille mètres carrés du secteur ouest des marchés aux puces. Organisés depuis un an en association, les deux mille brocanteurs de Saint-Ouen entrent en résistance contre leur Mairie, qu’ils accusent de programmer leur perte. Avec notamment une grande fête qui coûtera 1,8 million de francs.

PARIS - "Après Notre-Dame et la Tour Eiffel, nous sommes le site touristique le plus visité de Paris," déclare Marc Maison, président de l’Association pour la promotion et la défense des puces. "Le plus grand marché d’antiquités au monde, nous avons un chiffre d’affaires de quelque 4 milliards de franc par an. Il ne faut pas que nous devenions juste une vitrine. Il faut que les puces deviennent patrimoine public."

Un millier de "personnalités"
C’est pour attirer l’attention du public, et des pouvoirs publics, sur les toutes dernières ambitions de réaménagement de la municipalité communiste de Saint-Ouen que les présidents des dix marchés aux puces (l’Entrepôt, l’Usine, Jules Vallès, Serpette, Paul Bert, Biron, Vernaison, Antica, Malassis et Dauphine) organisent un grand "Festival des arts des puces", du 20 au 22 octobre.

Cent mille personnes, ainsi qu’un millier de "personnalités" du monde parisien de la politique et du show-biz, sont attendues pour la soirée du vendredi 20 octobre. Le reste du week-end, dont l’organisation coûtera quelque 1,8 million de francs aux dix marchés, devrait attirer à Saint-Ouen entre trois et quatre cent mille personnes, soit le double de l’affluence moyenne des puces.

Bernard Tapie et Bernard Steinitz
"Depuis dix ans, nous nous sommes aperçus que, par petits bouts, la municipalité cassait l’homogénéité des puces, notamment en construisant des H.L.M.", estime Marc Maison.
"Nous ne sommes évidemment pas hostiles aux logements sociaux, mais nous n’avons pas les mêmes horaires que les locataires, et nous sommes mal perçus comme travaillant dans le domaine du luxe."
En septembre, l’association a entrepris une procédure devant les tribunaux pour contester la Z.A.C. (Zone d’activité concertée) que prépare la municipalité sur l’ancien site des usines Wonder.

Ce terrain a été acquis de la société de Bernard Tapie en 1986 par l’antiquaire Bernard Steinitz, qui l’a cédé à la Ville de Saint-Ouen en 1993. Présenté il y a dix mois et récemment reconnu d’utilité publique, le projet municipal comprend plusieurs aspects qui déplaisent aux brocanteurs – notamment la construction, trop proche des marchés à leur avis, de trois cent cinquante H.L.M.

L’association veut que les logements sociaux soit déplacés et que l’hôtel prévu sur l’ancien site Wonder soit d’un standing convenable pour accueillir les visiteurs des Puces. Elle réclame aussi la création de mille cinq cents places de parking, et une aire de stationnement pour des cars de tourisme.

La mairie ne répond pas
L’avenir de la partie du site Wonder – environ un quart du terrain –, que contrôlent à la fois la municipalité et Bernard Steinitz, inquiète également les marchands. La Ville veut y installer de grandes sociétés, tandis que l’antiquaire, qui voici quelques années caressait de grandioses projets de réaménagement qui n’ont pas abouti, préférerait voir s’installer des artisans d’art – solution que préconisent eux aussi les brocanteurs.

Grâce aux objections des brocanteurs, la troisième tentative municipale d’exproprier et de réaménager dix mille mètres carrés des puces qui abritent l’Entrepôt, l’Usine et le marché Jules Vallès, n’a pas été reconnue "d’utilité publique" par le préfet. Les marchands contestent maintenant la construction et la location par une société privée de quatre cents "remises" sur un terrain de quatre mille mètres carrés, le parking des Boute-en-train, préférant y voir un véritable parc de stationnement public et payant. Enfin, les marchands se battent contre la décision de la municipalité de fermer une rue qui fournit soixante-dix places de parking, le long du marché Biron.

N’ayant reçu aucune réponse à deux lettres envoyées cette année à la mairie de Saint-Ouen, l’Association pour la défense et la promotion des puces essaie d’établir un dialogue avec la municipalité – jusqu’à présent, sans succès –, par l’entremise de la Chambre de commerce de la Seine-Saint-Denis.
Contactée par nos soins à plusieurs reprises, la mairie de Saint-Ouen s’est refusée à tout commentaire.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°18 du 1 octobre 1995, avec le titre suivant : Fête de la résistance aux puces

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