La Galerie T&L, installée dans le Marais, présente une exposition de six artistes italiens méconnus.
Paris. Après avoir organisé une vingtaine d’expositions depuis 2015 dans divers lieux avec leur galerie nomade T&L, Tancrède Herzog et Léopold Legros ont décidé de poser plus durablement leurs valises dans l’ancienne galerie de Patricia Dorfmann, dans le Marais. Cette dernière les avait notamment accueillis pour deux événements, l’un consacré au « Pop politique, 1967-1972 » d’Ivan Messac en mars 2022, le second à Christian Babou le mois suivant.
Ayant inauguré leur adresse en mars dernier avec l’exposition (bien) nommée « L’âge de raison ? », ils présentent aujourd’hui « Milan-Paris : au cœur du pop italien ». Un choix illustrant là l’une des deux lignes qui animent leur programmation, celle consacrée à des artistes sous-estimés des années 1950 à 1970, principalement liés aux mouvements de la Figuration narrative et au pop art, mais également à l’art cinétique ou au Nouveau Réalisme. L’autre axe étant, lui, tourné vers une peinture figurative plus contemporaine avec François Malingrëy ou Marion Bataillard.
La sélection, qui réunit une trentaine d’œuvres, datées de 1966 à 1977, de six artistes, rappelle à quel point les mouvements italiens de l’époque sont liés à des villes distinctes : Turin pour l’Arte povera, Rome pour des individualités comme Mario Schifano ou Mimmo Rotella, et Milan pour le pop. Elle révèle d’autre part des noms qui, à l’exception de ceux de Gianni Bertini (1922-2010) et d’Umberto Mariani (né en 1936), sont peu connus, tout du moins en France. Ils méritent de l’être davantage. Certains d’entre eux, comme Fernando De Filippi (1940) avec son étonnant portrait intitulé Vladimir Ilic Lenin ; Paolo Baratella (1935-2023) dont Il Papa est un cocktail évoquant Che Guevara, Fidel Castro et le pape ; ou encore Giangiacomo Spadari (1938-1997) et ses détournements d’images de propagande soviétique, témoignent clairement d’un engagement politique emblématique de l’époque. Les autres, comme le précité Umberto Mariani avec quelques très beaux tableaux notamment Sophisticated Beach (1968, [voir illustration]), qui fait d’ailleurs la couverture du catalogue édité pour l’occasion ; ou Sergio Sarri (1938), dont L’Imbocco II n’est pas sans rappeler certaines œuvres de Peter Klasen, par exemple, s’attachent plus aux images de la société de consommation – dans le domaine du design, de la mode ou de l’industrie. Mais le rapprochement avec les Français n’a rien d’ébouriffant puisque ces peintres italiens connaissaient le travail des artistes de la Figuration narrative et ils ont même exposé plusieurs fois avec eux.
De 5 000 euros pour un petit format (50 x 35 cm), Myrakol Crocifissione de Baratella, à 50 000 euros pour les grandes toiles (146 x 114 cm) de Mariani, les prix restent modérés, ce qui est logique pour des artistes dont la notoriété n’est pas comparable avec celle des figures historiques et avant-gardistes de l’art italien comme Lucio Fontana ou Alberto Burri, ou des ténors de l’Arte povera tels Jannis Kounellis ou Giuseppe Penone. Mais, comme le souligne Tancrède Herzog, « on peut là se faire plaisir pour pas si cher que cela ». Et il n’a pas tort.
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Escale pop milanaise
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°611 du 12 mai 2023, avec le titre suivant : Escale pop milanaise