Pour attirer les collectionneurs et conservateurs venus spécialement à Paris pour le Salon du dessin, deux commissaires-priseurs ont prévu cette année encore des vacations spécialisées. La première, organisée par l’étude Piasa le 9 avril, comporte notamment des dessins de Salviati, Subleyras et Fragonard ; la seconde, par l’étude Tajan le 12 avril, propose des feuilles de Prud’hon, Boucher et Rosabla Carriera.
PARIS. Subleyras a peint quatre tableaux inspirés des contes de La Fontaine pour le duc de Saint-Aignan, ambassadeur de France à Rome. La courtisane amoureuse (150 000 francs), dans lequel Constance tombe amoureuse de Camille – “L’amoureuse Constance veut aujourd’hui de laquais vous servir, écrit La Fontaine [...]. Le jeune homme y consent. Elle s’approche, elle le déboutonne. Ce ne fut pas tout, elle le déchaussa” –, constitue une variante du tableau conservé au Louvre et serait, selon Pierre Rosenberg (cf. catalogue de l’exposition de 1987), un dessin préparatoire à une gravure exécutée par Subleyras dont il n’existe aucun exemplaire connu. Plus licencieux, le Cortège du Phallus vers la vulve divine (80 000 francs), un dessin à la plume et à l’encre noire de l’école de Salviati, est ainsi décrit par Montesquieu, qui l’a découvert en 1729 dans la demeure du commandant Gaddi, à Florence : “Il y a une ébauche de Salviati qui est un gros Priape que des femmes traînent sur un char avec une grande force vers un c... Elles ont des piques sur lesquelles sont suspendus plusieurs habits de moine. Cela forme comme une espèce de procession.” Parmi les nombreuses feuilles du XVIIIe proposées dans la vente Piasa du 9 avril figure également un Fragonard, L’Adoration des Bergers d’après Tintoretto (20 000 francs). “Fragonard a réalisé de multiples copies d’œuvres célèbres lors de ses voyages, explique l’expert Patrick de Bayser. Le tableau original de Tintoret qui a servi de modèle se trouve à la Scuola San Marco de Venise.” Ce dessin provenant de la collection Groult avait été vendu 140 000 anciens francs (environ 15 000 francs actuels) par Me Ader le 21 mars 1952 à la galerie Charpentier. À noter encore des feuilles de Tiepolo (Dieu le père tout puissant, 25 000 francs), François André Vincent (Étude pour l’enlèvement d’Orythie par Borée, 100-120 000 francs) et David. Enfin, un important ensemble du XIXe siècle sera présenté aux collectionneurs, avec des œuvres de Daumier – un peu effacées par le temps –, Delacroix, Fantin-Latour, Géricault, Rodin, Thomas Couture et Ten Cate.
Autoportrait de Rosalba Carriera
La vente de l’étude Tajan se déroulera le 12 avril, jour de clôture du Salon du dessin. En vedette, L’amour de Pierre Paul Prud’hon (120-150 000 francs), dessin préparatoire pour un panneau du salon de la Richesse de l’Hôtel Lannoy. Marc-Antoine Joseph de Lannoy avait acquis cet hôtel particulier du quartier de la Chaussée d’Antin en 1797. À sa demande, Prud’hon a décoré le salon de la Richesse et celui des Saisons. Repris en 1804 par Louis Bonaparte et sa femme Hortense de Beauharnais, puis par le baron Salomon Meyer de Rothschild, l’hôtel a été vendu en 1832 à la Banque internationale de Paris, qui l’a détruit. Une partie du salon de la Richesse a été sauvegardée, dont quatre panneaux sont aujourd’hui conservés dans une collection privée. Plusieurs œuvres de Rosalba Carriera seront mises en vente, parmi lesquelles un Portrait d’Edward Wright de 1744 (60-80 000 francs) et le dernier autoportrait qu’elle aurait exécuté en 1749, alors qu’elle avait déjà perdu partiellement la vue et avant sa complète cécité. “Je vois comme si je n’avais plus de cataracte, je vois de manière confuse”, écrivait-elle cette même année. Une série de dessins d’architectures constitue l’autre point fort de la vacation, avec notamment une aquarelle, plume et encre noire de Jean-Charles Delafosse (15-20 000 francs).
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
En complément du Salon
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°80 du 2 avril 1999, avec le titre suivant : En complément du Salon