Bien qu’elle ait amélioré sa qualité, la foire Art Cologne, organisée du 1er au 5 novembre, garde un parfum provincial.
COLOGNE - Une fois n’est pas coutume, Art Cologne a fait le ménage en supprimant une trentaine de stands. La foire d’art contemporain de Cologne n’en reste pas moins démesurément grande. Car pour se justifier de l’écrémage auprès des galeries déboutées, et surtout pour rentrer dans ses frais, la foire a imposé aux exposants des stands gigantesques de 80 à 200 m2.
Le niveau du moderne et contemporain classique a été relevé, plus par soustraction des mauvaises enseignes que par ajout de nouvelles galeries. Après avoir mesuré tout le potentiel de la FIAC (Foire internationale d’art contemporain) à Paris, des pointures comme Annely Juda (Londres), Gmurzynska (Zurich) ou Michael Werner (Cologne) renoueront difficilement avec Cologne. Les derniers des Mohicans comme Karsten Greve (Paris, Cologne) ou Hans Mayer (Düsseldorf) n’ont toutefois pas eu à regretter leur présence. Le premier a vendu trois œuvres de Jannis Kounellis. Celles-ci faisaient écho à la plus belle trouvaille de la foire, la reconstitution d’une installation de dix chevaux vivants que l’artiste avait présentée en 1969 à la galerie L’Attico à Rome. Hans Mayer avait quant à lui rapporté ses reliquats de la FIAC, comme un Markus Oehlen, aussitôt vendu, et un Frank Stella de 1965. D’autres poids lourds comme Krinzinger (Vienne) se sont contentés d’une présence en pointillé via le secteur « Open Space », une plateforme de présentation non délimitée par des stands.
Ayant loupé le coche de l’internationalisation, la foire garde un parfum provincial. Elle reste toutefois un bon réservoir pour les amateurs capables de dénicher le bon grain dans l’ivraie. Du bon grain, on en a vu dans les « Hidden Treasures » (Trésors cachés), notamment celui consacré par Margarete Roeder (New York) à l’artiste minimaliste Fred Sandback. Ses dessins étaient ainsi proposés dans une fourchette de prix modiques, de 12 400 à 13 800 euros.
Bientôt Düsseldorf
Autre redécouverte, William Copley, créateur inclassable, collectionné par l’Allemand Frieder Burda. Deux de ses œuvres historiques se sont vendues pour 36 000 et 85 000 euros chez Schönewald (Düsseldorf). La clientèle du salon étant extrêmement locale, le marchand et collectionneur genevois Pierre Huber a pu faire ses emplettes sans concurrence. Après avoir acquis l’an dernier trois œuvres de Rudolf Stingel à la galerie Schmela (Düsseldorf), il a récidivé en achetant une autre œuvre de cet artiste pour 150 000 euros. Un collectionneur coréen s’est quant à lui saisi d’une frise de 26 photos de Stephan Kaluza auprès de la galerie Michael Schultz (Berlin). Tout comme Stingel, cet artiste figure dans la collection de François Pinault.
Art Cologne doit surtout réviser sa section contemporaine. À quelques exceptions près comme Schleicher Lange (Paris), les « New Contemporaries » ont péché par leur faiblesse. Il est vrai que les jeunes enseignes lorgnent plutôt vers Berlin ou Düsseldorf, où se déroulera du 19 au 23 avril 2007 une foire baptisée « Düsseldorf Contemporary ». Cette initiative, qui fédère de bonnes galeries telles Franco Noero (Turin), Jocelyn Wolff (Paris) ou Casey Kaplan (New York), coïncide avec le nouveau calendrier printanier d’Art Cologne. Plus complémentaires que concurrentes, ces deux foires pourraient renforcer le poids de la Rhénanie, riche en collectionneurs, face à Berlin. Une jeune collectionneuse de la région, Julia Stoschek, envisage ainsi d’ouvrir l’an prochain un espace d’environ 2 000 m2 à Düsseldorf.
Les organisateurs d’Art Cologne sont-ils tombés sur la tête ? Alors que la foire doit poursuivre ses changements, elle prévoit une bouture du 19 au 23 septembre 2007 dans un terminal de l’aéroport de Palma de Majorque. « Les collectionneurs allemands ont souvent une résidence secondaire à Majorque. Il y existe une tradition artistique, Miquel Barceló en vient, Joan Miró avait choisi d’y vivre », commente Gérard Goodrow, directeur de la Foire de Cologne. Mais Palma n’est pas Miami et la foire de Cologne risque fort de se ridiculiser dans cette aventure.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
En attendant le printemps
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°247 du 17 novembre 2006, avec le titre suivant : En attendant le printemps