LONDRES / ROYAUME-UNI
L’ ancien galeriste et collectionneur anglais Anthony d’Offay fait face à des accusations d’harcèlement sexuel. Après enquête, la presse britannique a relevé d’autres plaintes sur l’ensemble des musées nationaux.
Londres. Les accusations de harcèlements sexuels se sont étendues ces dernières semaines au monde de l’art britannique. Au cœur du scandale, l’ancien galeriste et collectionneur Anthony d’Offay, 78 ans. Deux femmes l’ont dénoncé pour avoir utilisé sa position de pouvoir pour tenter de les forcer à avoir des relations sexuelles avec lui. Ces affaires auraient eu lieu entre 1998 et 2004. L’une de ces femmes a raconté anonymement à l’hebdomadaire The Observer qu’après avoir refusé ses avances, elle n’a « pu en parler à quiconque parce qu’il était l’un des hommes les plus puissants du monde de l’art ». Se sentant mal à l’aise, elle refusa ensuite sa proposition de travailler dans sa galerie sur une exposition Andy Warhol : « Je savais qu’il allait tenter de me punir professionnellement. En effet, il l’a fait pendant plusieurs années et même si mon affaire en a pâti financièrement, je me respectais encore. Je ne me suis jamais sentie capable d’en parler ouvertement : le monde de l’art est un petit monde et Anthony d’Offay en a été un philanthrope majeur. Jusqu’à ce que j’entende parler en décembre des accusations faites par une jeune femme à la police. »
Des années 1970 à la fin des années 2000, Anthony d’Offray fut en effet un personnage incontournable du milieu de l’art britannique. Pendant les années 1980, sa période la plus glorieuse, il représentait notamment Gerhard Richter et Gilbert & George, et exposait Lucian Freud, Willem de Kooning, Georg Baselitz et donc Andy Warhol, que celui-ci avait décrit dans ses carnets comme « classe » et « gentil ».
Après avoir fermé sa galerie en 2001 et renoncé à la représentation d’artistes, Anthony d’Offay revendit en 2008 à la Tate et aux National Galleries of Scotland (qui rassemble trois musées situés à Édimbourg) 725 œuvres de sa collection estimées £125 millions à leur prix d’acquisition, soit £26,5 millions. Il obtint également l’annulation de £14 millions d’impôts impayés et le poste de conservateur auprès de la Tate et des National Galleries of Scotland pour le programme « Artist Rooms », composé grâce à ses œuvres et initialement consacré à vingt-cinq artistes. Il a quitté son poste en décembre, lorsque ont commencé à circuler les premières rumeurs à son égard. Les musées ont depuis officiellement « coupé tout contact » avec lui « jusqu’à ce que la question soit clarifiée ».
Cette affaire est intervenue après la publication le 30 octobre d’une lettre signée par plus de 2 000 artistes, responsables de musées et de galeries sur le harcèlement sexuel dans le monde de l’art. Les médias britanniques ont alors enquêté sur l’existence ou non de harcèlements au sein des musées nationaux. Ils ont découvert qu’au moins dix enquêtes pour harcèlements sexuels ont eu lieu au cours des quatre dernières années. Le Victoria and Albert Museum a été visé par deux enquêtes policières, qui ont abouti au licenciement de deux employés, notamment pour « harcèlement et violence sexiste ». Même triste constat aux Musées des sciences, où deux employés ont été compensés financièrement et deux autres ont quitté l’entreprise. À la Tate, les trois affaires recensées concernent des employés de son activité restauration. Aucune affaire n’a été relevée dans les autres musées questionnés.
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En Angleterre, les harcèlements affectent aussi le monde de l’art
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : En Angleterre, les harcèlements affectent aussi le monde de l’art