Galerie

ART CONTEMPORAIN

Éloge de la peinture lente

Par Stéphane Renault · Le Journal des Arts

Le 7 février 2018 - 312 mots

Paris. Visible de l’extérieur de la galerie, Ceci n’est pas une chemise noire, tableau signé Pierre Buraglio (2007).

Face à l’entrée, une grande toile (2017) de Philippe Cognée accueille les visiteurs : les lignes fuyantes des rayonnages d’une bibliothèque. Plus loin, un grand format de Jean-Pierre Schneider (2016) incite à la méditation, sorte de veduta vers soi-même et non vers l’extérieur : un aplat au centre de la toile blanche devient une fenêtre romane dans une atmosphère d’épure monacale. La chaise (2010) tout en dorure de Didier Hagège, fauteuil de dentiste aux allures anthropomorphiques, côtoie les dessins d’Emmanuelle Mason, architecture ravagée en Syrie ou animaux supposés morts, allongés, renard, oiseaux, que le traitement délicat à l’encre noire sur papier blanc rend presque transparents. Les grands pastels secs sur papier d’Emmanuelle Pérat trouvent quant à eux un point d’équilibre entre désordre et stabilité, classicisme de la manière et contemporanéité, dans des jeux de lumière diffuse en intérieur, comme sur ces enchevêtrements d’objets dans un grenier. Une matière « impalpable », entre le plein et le vide. Les œuvres présentées ici s’inscrivent dans cette tradition de la peinture de créateurs « qui font mieux que parler à voix basse, car ils arrivent à donner une forme picturale à ce qui paraît irreprésentable : le silence. Dans la lignée de Vermeer et Chardin, leurs petits formats aux couleurs assourdies semblent préserver un secret », écrit Itzhak Goldberg (contributeur du JdA), commissaire de l’exposition. Face aux œuvres, l’historien de l’art confie : « J’ai pensé à cette idée de peinture silencieuse, à l’opposé du choc immédiat en peinture, ces tableaux qui produisent un effet de sidération mais qui, passé ce choc, ne pénètrent pas. » Il en a conçu une invitation à la contemplation de ces natures mortes, pleines de silence, plus discrètes. Un instant de répit dans le bruit du monde. Les prix vont de 5 000 à 30 000 euros.

INFORMATIONS

Peinture silencieuse.

Galerie Univer/Colette Colla, jusqu’au 24 février. 6, cité de l’ameublement, 75011 Paris.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°494 du 2 février 2018, avec le titre suivant : Éloge de la peinture lente

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