PARIS
La Galerie Boquet a réuni dix-huit dessins issus de la période où elle fut liée à Picasso.
Paris. Spécialisé dans les avant-gardes françaises de 1900 à 1950 (dessins et peintures), le galeriste Jules Boquet met en avant Dora Maar (1907-1997), une initiative qui arrive à point nommé pour le centenaire du mouvement surréaliste, dont la muse de Picasso était l’une des figures.
L’idée de cette exposition remonte à 2018. « Avec Ambroise Audoin-Rouzeau, mon partenaire sur ce projet, nous avons acheté en vente publique un lot de dessins (250 feuilles libres) et carnets non attribués, que nous avons vite identifiés. La crise sanitaire nous a permis de travailler en profondeur. » C’est ainsi qu’est née l’idée du livre Dora Maar, secrets d’atelier (éditions Dilecta, 2023) et le prêt d’une cinquantaine de dessins à la maison Dora Maar à Ménerbes (Vaucluse), aujourd’hui résidence d’artistes. Par ailleurs, la galerie travaille depuis l’été dernier en étroite collaboration avec Victoria Combalía, historienne de l’art et experte de Dora Maar dont elle a écrit la monographie la plus complète à ce jour (Dora Maar, la femme invisible, éd. Invenit, 2019).
Dix-huit autoportraits, un thème récurrent dans son corpus, sont ainsi présentés (prix entre 2 500 et 55 000 euros). La plupart sont datés de 1939, quand Dora Maar et Picasso se réfugient à Royan, en Charente-Maritime. Ce sont uniquement des portraits dessinés, car si elle est surtout connue comme photographe, Dora Maar a reçu une formation de peintre aux Arts décoratifs et a fréquenté l’atelier d’André Lhote. « Elle-même se considérait comme une peintre », souligne le galeriste.
Une des pièces majeures de l’exposition est Autoportrait aux seins coupés, daté du 4 septembre 1939, au lendemain de la déclaration de guerre ; il a été vendu à un grand collectionneur anglais. Cette figure reprend un tableau de Zurbarán, Sainte Agathe, vers 1635 (qui était exposé au Musée de l’Orangerie à Paris en avril 1939), motif qui fut repris par Picasso lui-même. Mais la pièce phare est sans conteste l’Autoportrait daté du 26 septembre 1939 [voir illustration], aux yeux écarquillés. Plusieurs dessins comportent la figure du chat Moumoune de Dora (Dora Maar peignant et son chat, vers 1944).
À découvrir également, la Figure hélicoïdale. « Ces feuilles issues de la période de Picasso, 1936-1943, sont très rares et sont les plus chères. Elles ne passent presque jamais aux enchères. On voit davantage des paysages de Ménerbes, des petites gouaches abstraites des années 1950. » Mais si son record est détenu par une huile, un Portrait de Picasso de 1936 (400 000 euros au marteau, chez Sotheby’s Paris en 2009), « ce sont ses photographies qui sont les plus recherchées. Cependant elles sont pratiquement introuvables », assure Jules Boquet.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Des autoportraits de Dora Maar
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°631 du 12 avril 2024, avec le titre suivant : Des autoportraits de Dora Maar