Ventes aux enchères

Des acheteurs prudents aux ventes d’automne

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 6 novembre 2020 - 582 mots

Les catalogues de Sotheby’s et Christie’s Paris étaient pourtant bien fournis, mais ils ont peu séduit les collectionneurs.

Exposition au au siège de Kering, de la vente Christie’s Paris, « Le jardin secret de Paul Haim », dont 100 % des lots ont été vendus. © photo Ludosane pour LeJournaldesArts.fr, 21 octobre 2020
Exposition au siège de Kering, de la vente Christie’s Paris, « Le jardin secret de Paul Haim », dont 100 % des lots ont été vendus.
© Photo Ludosane pour LeJournaldesArts.fr, 21 octobre 2020

Paris. Alors que la Fiac a été annulée, Sotheby’s et Christie’s Paris – qui se calent chaque année sur la manifestation – ont maintenu leurs vacations consacrées à l’art moderne. L’offre était même abondante, démontrant la confiance des vendeurs. Mais qu’en était-il des acheteurs ? « À la sortie du confinement, les collectionneurs ont acheté comme des fous car il y a eu un effet de rattrapage. Ils se sont précipités sur l’offre des maisons de ventes, qui, grâce à leurs bons résultats en juillet, ont obtenu quelques bons tableaux en consignation pour les ventes d’octobre. Mais entre-temps, l’appétit des acheteurs est un peu retombé », a constaté le marchand Christian Ogier (galerie Sepia). Les quatre vacations programmées ont atteint un total de 70,3 millions d’euros, dans la fourchette de l’estimation initiale (contre 81,2 M€ en 2019, dont une toile de Nicolas de Staël vendue 20 M€). Une bonne nouvelle au vu du contexte sanitaire, qui démontre également que même sans la Fiac, le marché répond présent. Mais à y regarder de plus près, il n’y a pas eu d’envolée spectaculaire. Les acheteurs ont joué la carte de la prudence. « C’est toute la limite du format Internet : si les acheteurs n’ont pas vu le tableau physiquement, avec tous ces déplacements restreints, ils ne sont pas sûrs de ce qu’ils achètent, et donc se retiennent un peu plus dans leurs enchères », a observé le marchand.

Des ventes proches des estimations basses

La vente « Modernités », concept lancé il y a quatre ans par Sotheby’s, bénéficiait de la plus haute estimation depuis sa création (21,4 à 30,4 M€). La session a finalement atteint 23,8 millions avec les frais (contre 22,6 M€ en 2019), soit environ 20 millions d’euros sans les frais, légèrement en deçà de son estimation basse. Sur les 47 lots proposés, 36 ont trouvé preneur, dont les lots phares, mais sans véritable étincelle. Tête d’homme de Pablo Picasso (1940), issu de l’ancienne collection du marchand d’art Jan Krugier, estimé 4 à 6 millions d’euros n’a pas dépassé les 4 millions, tandis qu’une transparence de Francis Picabia représentant le roi Minos a atteint 3,9 millions d’euros.

Au contraire de sa consœur – qui n’avait qu’une seule vacation –, Christie’s en organisait trois à la suite. La première qui dispersait la collection de sculptures monumentales du marchand d’art Paul Haim, a vu 100 % des lots vendus (41), pour un total de 20,6 millions d’euros, au-dessus de son estimation haute. La Caresse d’un oiseau, de Joan Miró, un bronze monumental peint, a été adjugé 4,7 millions d’euros. La seconde vente, « Paris Avant-Garde », a récolté 18,9 millions d’euros frais compris. Sans les frais, elle est légèrement en dessous de son estimation basse et très en-deçà de l’an passé où Parc des Princes de la série « Les grands footballeurs », de Nicolas de Staël, s’était vendu 20 millions d’euros. Toutes les pièces aux estimations les plus hautes ont trouvé acquéreur, mais la plupart dans la fourchette basse de leur estimation. Peinture 162 x 130, 9 juillet 1961, de Pierre Soulage a atteint 5,3 millions d’euros sans dépasser son estimation basse (6 M€). Enfin, la vente « Art Moderne », menée par Violoniste dans le clair de lune orangé à Vitebsk, de Marc Chagall vendu 584 000 euros, a totalisé 7 millions d’euros, en dessous de son estimation basse.

Toutes les estimations sont indiquées hors frais acheteur tandis que les résultats sont indiqués frais compris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°554 du 30 octobre 2020, avec le titre suivant : Des acheteurs prudents aux Ventes d’automne

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