À Paris, la galerie Sarti montre à travers une vingtaine de tableaux italiens
comment l’art du Caravage a marqué son siècle et ses contemporains.
PARIS - Spécialiste des primitifs italiens auxquels elle a consacré ses trois dernières expositions, la galerie Sarti, à Paris, s’ouvre aujourd’hui au XVIIe siècle. La révolution caravagesque est au cœur de son nouvel accrochage avec notamment deux chefs-d’œuvre du genre. Dans Saint Jean-Baptiste, une huile sur toile inédite du peintre bolonais Guido Reni, le saint et l’agneau, artificiellement et violemment éclairés, occupent toute la surface picturale en se détachant d’un fond nocturne, le fameux clair-obscur. Et, dans une rare scène peinte par Bartolomeo Manfredi vers 1618-1620, montrant Le Martyre de saint Sébastien avant que le saint ne soit transpercé de flèches, l’influence du Caravage sur son disciple le plus proche apparaît dans le jeu de lumière qui oppose l’imposant corps en relief éclairé du saint au fond de paysage sombre. Elle se lit également dans le raccourci d’une main implorant le ciel, comme dans la représentation du bourreau ligotant le saint à l’arbre. Cette scène serait une reprise d’un tableau perdu du Caravage.
Ce parcours dans le XVIIe siècle explore aussi la veine naturaliste initiée par le Caravage avec des genres dits « mineurs ». Ainsi les scènes populaires, parmi lesquelles un émouvant portrait de gueux, Le Mangeur de haricots, par Giuseppe Romani – qui a ainsi réinterprété avec un puissant réalisme un sujet d’Annibale Carrache – et le genre de la nature morte, à travers Pomone et Vertumne, une peinture du Cavalier d’Arpin (pour les personnages) et de Giovan Francesco Guerrieri (pour les fruits). Autre sujet prisé par les caravagesques, Les Joueurs sont ici illustrés par un tableau non attribué, vraisemblablement l’œuvre d’un peintre d’influence nordique qui travailla en Italie à cette époque. L’exposition montre l’opposition entre l’art caravagesque et les tenants du classicisme, empreints d’idéalisme, défendant une peinture à la touche mesurée et aux formes définies, tels Les Géants de l’Olympe par le Cavalier d’Arpin, lequel se rapproche vers la fin de sa carrière d’un style néoclassique, ou Jésus chassant les marchands du temple, une architecture classique animée par Alberto Carlieri. Enfin, le voyage se termine par un Saint Jérôme pénitent, un tableau du début du XVIIIe siècle exécuté par un artiste du XVIIe siècle, Alessandro Gherardini, qui annonce le passage au rococo avec ses couleurs limpides et la légèreté de ses personnages.
Jusqu’au 20 décembre, galerie Sarti, 137 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 42 89 33 66, www.sartigallery.com. Catalogue.
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Dans le sillage du Caravage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°182 du 5 décembre 2003, avec le titre suivant : Dans le sillage du Caravage